"Vingt-deux corps ont été emmenés dans les hôpitaux, notamment pour pouvoir être identifiés. Certains de ces corps sont tellement calcinés qu'il faudra des tests ADN pour les reconnaître", a indiqué à l'AFP Wahid Majroh, porte-parole du ministère.
Le précédent bilan officiel du ministère de l'Intérieur faisait état de "18 morts dont 14 étrangers et dix blessés dont six militaires".
Les corps des six assaillants, tués dans l'assaut des forces spéciales, auraient été gardés séparément de ceux de leurs victimes, selon un responsable des renseignements afghans (NDS) à l'AFP.
Selon les médias locaux, le nombre de morts se compterait en dizaines: la chaîne de télévision Tolo News cite ainsi "43 morts selon des sources crédibles".
La majorité des blessés ont été emmenés à l'hôpital militaire de Kaboul - interdit à la presse - selon le ministère de la Santé.
Le porte-parole adjoint du ministère de l'Intérieur Nasrat Rahimi, a rapporté lundi à l'AFP que "le commando a fait usage de pistolets, de kalashnikov et de grenades et l'un d'eux portait une veste d'explosifs".
La plupart des victimes ont été tuées par armes à feu mais d'autres ont péri dans l'incendie déclenché au quatrième étage par le commando de six hommes après le début de l'attaque.
Selon une source sécuritaire, "deux des assaillants avaient passé la nuit à l'hôtel, enregistrés comme clients".
Un des serveurs du restaurant, Hasibullah, 24 ans, blessé dans l'opération, a raconté à Tolo News que "deux hommes en civil" l'ont appelé en entrant "pour passer commande du dîner, avant d'ouvrir le feu au (fusil d'assaut) kalashnikov et de tuer plusieurs clients".
Les talibans ont revendiqué cette attaque dans un communiqué, affirmant avoir tué "des dizaines d'étrangers".
Six hommes armés
Selon M. Danish, le commando était composé de six hommes. L'attaque n'a pris fin que plus de douze heures plus tard, vers 9h30 dimanche (6h30 GMT), une fois les assaillants abattus par les unités afghanes avec le soutien de la coalition occidentale sous mandat de l'Otan - la Norvège notamment a annoncé avoir contribué au dénouement.
"L'attaque est terminée, tous les assaillants ont été tués, 126 personnes ont été secourues dont 41 étrangers", avait auparavant annoncé M. Danish. Il a précisé que six membres des forces spéciales afghanes, réputées pour leur excellence, ont été blessés.
Le porte-parole des taliban Zabiullah Mujahid a revendiqué l'opération dans un message affirmant que l'hôtel était "plein d'envahisseurs américains et d'autres nationalités" et que l'attaque a tué des "dizaines" d'entre eux.
'Priez pour moi'
Le commando s'était introduit dans l'hôtel samedi peu après 21 heures (17h30 GMT), déclenchant une explosion avant d'ouvrir le feu au hasard.
L'électricité a été coupée dans le quartier et l'hôtel, situé sur une colline de l'ouest de Kaboul, plongé dans l'obscurité toute la nuit à l'exception de hautes flammes qui s'échappaient du toit, en raison d'un incendie déclenché par les assaillants.
"Priez pour moi, je vais certainement mourir", a posté en soirée sur Facebook Aziz Tayeb, directeur régional de la compagnie Afghan Telecom. Avant d'ajouter : "Je suis sorti, mais une centaine de mes collègues et amis sont toujours coincés entre la vie et la mort". Tous se trouvaient là pour une conférence.
Au cours de la nuit, les forces spéciales épaulées par des forces de l'Otan ont repris progressivement le contrôle des étages.
Sur Twitter, des proches angoissés demandaient des nouvelles des leurs séjournant dans l'établissement. De Washington, le département d'Etat appelait à signaler l'éventuelle présence d'Américains.
Selon un voisin de l'hôtel, Abdul Sattar, qui a joint des membres du personnel amis, "les assaillants sont arrivés par le couloir pendant le dîner. Puis ils ont forcé les chambres, pris des otages avec eux et ouvert le feu sur certains d'entre eux".
Gardes inexpérimentés
Plusieurs fortes explosions ont été entendues peu après 4h30 (minuit GMT) après une relative accalmie. Puis le jour s'est levé sur la façade en partie noircie du bâtiment.
Un comptable de l'hôtel qui a pu s'échapper grâce à sa bonne connaissance des lieux a affirmé à l'AFP que "les gardes se sont sauvés sans combattre, ils n'ont pas riposté, ils n'avaient aucune expérience".
M. Danish a confirmé qu'une nouvelle compagnie privée avait pris début janvier en charge la sécurité de l'hôtel.
L'Intercontinental de Kaboul, l'un des deux Cinq Etoiles de la ville, accueille fréquemment des mariages, des conférences et des réunions politiques. Sa terrasse illuminée dominant la ville est particulièrement prisée des classes aisées.
L'établissement, ouvert en 1969, avait déjà été visé en juin 2011 par une attaque des talibans qui avait fait 21 morts.
Depuis, l'hôtel avait renforcé la surveillance. Mais une journaliste de l'AFP a constaté quelques heures avant la tuerie que la fouille au corps, à l'entrée même du bâtiment, pouvait être aisément contournée en sautant les barrières.
Des mises en garde précises avaient été lancées depuis 48 heures concernant le risque d'attaques contre des lieux fréquentés par les étrangers. Ce qui avait conduit l'ONU et certaines ambassades à décréter l'état d'alerte.
La dernière attaque contre un grand hôtel, en mars 2014, avait visé l'autre Cinq étoiles de Kaboul, le Serena. Neuf personnes avaient été tuées, dont un journaliste de l'AFP et sa famille.
Cette attaque survient cinq jours après la visite d'une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies à Kaboul, qui a donné lieu vendredi à une réunion de haut niveau au siège de l'ONU à New York.
Avec AFP