L'attentat illustre la menace que constituent toujours les insurgés, même si le président américain Barack Obama les juge "affaiblis", selon l'AFP.
"Nous avons vu six tués, pour la plupart des gardes de sécurité", a déclaré un responsable sécuritaire, Mohamed Jama, ajoutant que "les pertes pourraient être plus élevées, nous sommes en train d'enquêter".
Un citoyen chinois a été tué et trois autres blessés par l'explosion, a rapporté l'agence de presse Chine nouvelle, citant l'ambassade de Chine en Somalie.
Dans un communiqué repris par des sites internet proches des djihadistes, les shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont revendiqué l'attentat. Ils ont affirmé avoir agi "en représailles" à de récentes offensives menées contre eux dans le Sud somalien.
Malgré leurs revers sur le terrain somalien, les insurgés multiplient les raids sanglants, dans le pays mais aussi au Kenya voisin.
Le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a adressé ses condoléances aux victimes de cette "attaque terroriste haineuse". "Je suis sûr que nous vaincrons les terroristes", a-t-il ajouté.
L'explosion s'est produite dans l'hôtel Jazeera, qui est fréquenté par des membres du gouvernement somalien et des expatriés et abrite plusieurs représentations diplomatiques.
L'établissement a été ravagé par l'explosion, qui a démoli une partie de ce bâtiment de six étages, ont rapporté des journalistes de l'AFP. Un haut panache de fumée noire s'est élevé au-dessus du centre de la ville.
Des diplomates chinois, qataris et émiratis étaient dans l'hôtel lors de l'attentat.
Des bureaux se trouvant dans l'hôtel et appartenant à l'ambassade de Chine ont été touchés par l'explosion, a rapporté Xinhua, l'agence de presse officielle chinoise.
L'ambassade de Chine, citée par Xinhua, a annoncé peu après qu'un citoyen chinois avait été tué et trois autres blessés.
Un des gardes armés de l'ambassade a succombé après avoir été grièvement blessé, et trois autres membres du personnel, plus légèrement atteints, recevaient des soins, a indiqué la mission diplomatique.
Le journaliste Mohamed Abdikarim, qui travaillait pour Universal TV, fait partie des victimes, a fait savoir le Syndicat national des journalistes somaliens, dans un message de condoléances adressé à sa famille.
L'hôtel se trouve près de la zone hyper-protégée de l'aéroport international qui abrite les Nations unies, des ambassades occidentales et le siège de La force de l'Union africaine (Amisom).
L'Amisom, qui combat les insurgés shebab dans le pays, était sur place pour évacuer les blessés.
"L'attaque atroce de la soirée contre l'hôtel Jazeera, un endroit qui symbolise la détermination des Somaliens à reconstruire leur pays, (...) démontre les intentions diaboliques des shebab qui refusent que la paix puisse s'installer dans tout le pays", a réagi l'Amisom.
L'attentat a eu lieu au moment où Barack Obama quittait le Kenya voisin après avoir loué samedi le travail de l'Amisom, force à laquelle participe un contingent kényan. Le président américain a reconnu que les shebab constituaient toujours une menace, mais a assuré que leur "emprise" en Somalie avait été réduite et leurs réseaux en Afrique de l'Est "affaiblis".
Dans la soirée, un porte-parole du Conseil national de Sécurité américain, Ned Price, a déclaré dans un communiqué publié à Washington que la Maison Blanche "condamnait fermement l'attentat odieux (...) qui a visé intentionnellement et cruellement des civils innocents".
Les Etats-Unis mènent régulièrement des attaques de drones contre les shebab dans ce pays de la Corne de l'Afrique.
Façade démolie
Abdihakim Ainte, un analyste politique qui réside dans le quartier de l'hôtel, a confirmé qu'une "énorme explosion" avait fait voler ses fenêtres en éclats et que l'hôtel était gravement endommagé.
Des photos postées sur les réseaux sociaux montraient la façade de l'hôtel, qui donne sur la rue, complètement démolie par l'explosion.
Mohamed Moalim, un témoin à l'intérieur du bâtiment, a assuré que de nombreuses personnes étaient dans l'hôtel lorsque s'est produite l'explosion, causée selon lui par "un camion chargé d'explosifs".
Il s'agit de l'explosion "la plus puissante jamais entendue dans le quartier", a-t-il assuré.
Le bâtiment avait déjà été la cible d'attaques des shebab par le passé, et notamment d'un attentat suicide en 2012 alors que le président somalien se trouvait à l'intérieur.
Samedi, les shebab ont revendiqué l'assassinat d'un député somalien et de ses gardes du corps dans un quartier sud de la capitale somalienne, expliquant qu'ils "continueraient de cibler les parlementaires".
La Somalie est en état de guerre civile et privée de réel Etat central depuis la chute de l'autocrate Siad Barre en 1991.
A la tête d'une insurrection armée depuis 2007, les shebab, littéralement les "jeunes", ont juré la perte des fragiles autorités de Mogadiscio.
Affaiblis sur le terrain militaire par les actions des 22.000 soldats de l'Amisom, ils multiplient les assassinats et opérations de guérilla, contre des cibles gouvernementales mais aussi de l'UA ou de l'ONU.
La semaine dernière, l'Amisom a lancé une nouvelle offensive pour déloger les shebab des zones rurales qu'ils contrôlent encore dans le sud du pays.
Samedi, des hélicoptères, vraisemblablement éthiopiens, ont mené des raids contre certaines de leurs positions dans la province de Bay.
Sources: AFP, VOA