L'explosion à bord de l'avion de ligne de la compagnie Daallo Airlines, qui avait été contraint mardi de faire un atterrissage d'urgence à Mogadiscio, était due à une bombe, a reconnu samedi le gouvernement somalien après avoir d'abord évoqué un problème de pression d'air.
"Des recherches supplémentaires conduites par des experts somaliens et internationaux ont confirmé que l'explosion qui avait eu lieu à bord de l'avion de Daallo n'était pas due à un problème technique mais à une bombe destinée à détruire l'appareil et tuer tous les passagers", a déclaré Ali Ahmed Jama, le ministre somalien des Transports et de l'Aviation, lors d'une conférence de presse à Mogadiscio.
"Les forces de sécurité ont arrêté des personnes suspectées d'avoir été impliquées" dans cet attentat, a-t-il ajouté.
L'explosion, survenue environ quinze minutes après le décollage de l'avion de l'aéroport de Mogadiscio, avait provoqué un trou d'un mètre de diamètre environ dans le fuselage de l'A321 de la compagnie Daallo, qui opère depuis Djibouti essentiellement dans la Corne de l'Afrique et dans certains pays du Golfe.
Un passager, Abdulahi Abdisalam, officiellement porté disparu jeudi, avait été identifié vendredi par les autorités somaliennes qui ont précisé qu'il avait bien été tué dans l'explosion, probablement aspiré dans le vide. Deux autres passagers avaient été légèrement blessés.
Le gouvernement somalien, sans attendre les résultats de l'enquête, avait assuré qu'un problème de pressurisation devait être à l'origine de l'explosion.
Mais le pilote, Vladimir Vodopivec, un Serbe de 64 ans, avait estimé que le trou avait été causé par une "bombe", selon des propos rapportés par le quotidien serbe Blic.
L'explosion, avait-il précisé, n'a pas endommagé le système de navigation, lui permettant de ramener l'appareil à bon port.
Un expert en sécurité aérienne, Xavier Tytelman, avait conforté cette thèse. Il avait expliqué à l'AFP que les images de l'A321 de Daallo avaient l'apparence d'une explosion causée par une bombe et rappelaient un incident survenu en 1986 impliquant un Boeing 727 de l'ancienne compagnie aérienne américaine TWA au-dessus de la Grèce.
Après l'incident, les mesures de sécurité à l'aéroport de Mogadiscio, déjà entouré de murs pour empêcher des attentats à la voiture piégée, avaient été renforcées: des forces de police supplémentaires avaient également été déployées aux abords et les contrôles avaient été renforcés à l'intérieur.
L'aéroport international Aden Adde, du nom du premier président somalien, est devenu une forteresse depuis que s'est installée juste à côté la principale base de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), forte de 22.000 hommes et qui aide le fragile gouvernement somalien dans sa lutte contre les shebab, affiliés à Al-Qaïda.
Chassés depuis mi-2011 de Mogadiscio, puis de leurs principaux bastions, ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides contre des cibles gouvernementales ou l'Amisom.
Les shebab n'ont jusqu'ici pas revendiqué leur éventuelle responsabilité dans l'attentat contre l'avion de la compagnie Daallo.
Trois personnes avaient été tuées vendredi matin à Mogadiscio dans un attentat à la bombe qui visait le véhicule d'un employé à la sécurité de l'aéroport de la capitale, lequel avait survécu. Rien ne permet cependant de relier cette attentat à l'explosion à bord de l'avion.
AFP