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Soudan du Sud : au moins 18 morts dans l'attaque d'une base de l'ONU


Des déplacés puisent de l'eau à partir d'un trou creusé dans le sol, dans le camp des Nations Unies pour les personnes déplacées dans la capitale Juba, au Soudan du Sud, le 19 janvier 2016. (Photo/Jason Patinkin)
Des déplacés puisent de l'eau à partir d'un trou creusé dans le sol, dans le camp des Nations Unies pour les personnes déplacées dans la capitale Juba, au Soudan du Sud, le 19 janvier 2016. (Photo/Jason Patinkin)

Des hommes armés ont ouvert le feu sur des civils réfugiés dans une base des Nations unies au Soudan du Sud tuant au moins dix-huit personnes, a annoncé jeudi l'ONU, qui a dénoncé ces nouvelles violences dans un pays déchiré depuis plus de deux ans par une guerre civile.

Les échanges de tirs entre jeunes d'ethnies rivales ont commencé mercredi soir dans la base de Malakal, capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est), l'un des principaux champs de bataille du conflit, et se sont poursuivis jeudi matin.

Dans un communiqué publié à son siège de New York, l'ONU a établi le bilan à au moins sept morts et une quarantaine de blessés parmi les civils réfugiés sur la base. Le lendemain jeudi, l'ONG Médecin Sans Frontière fait état de 18 morts.

"Toute attaque visant des civils, les locaux de l'ONU et les Casques bleus peut constituer un crime de guerre", a souligné le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

La Mission de l'ONU au Soudan du Sud (UNMISS) avait donné un premier bilan de cinq morts et 30 blessées, ajoutant que les Casques bleus avaient tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule dans le camp surpeuplé.

"Des violences impliquant l'usage d'armes à feu légères, de machettes et d'autres armes ont éclaté entre jeunes des deux communautés" dinka et shilluk, a précisé la mission.

M. Ban a "mis en garde toutes les parties contre la tentation d'attiser les querelles ethniques" et leur a demandé "de s'abstenir de toute action ou déclaration qui pourrait faire monter la tension".

Plus de 47.500 personnes vivent à l'intérieur du camp de déplacés de Malakal, soit un quart des 200.000 civils réfugiés dans les six bases onusiennes du pays. Aucune arme n'est théoriquement autorisée à l'intérieur de ces camps.

"Ils ont tiré avec des kalachnikov et des mitrailleuses (...) la situation est toujours très tendue, les gens se cachent", a rapporté Jacob Nhial, un habitant de la base contacté au téléphone par l'AFP, en précisant que les Casques bleus patrouillaient en début d'après-midi la zone avec des tanks.

- Une attaque 'cruelle et lâche' -

La rébellion sud-soudanaise, qui lutte contre les forces gouvernementales depuis décembre 2013, a confirmé l'attaque. Mais il n'était pas immédiatement possible de confirmer l'identité des hommes armés. La base de Malakal se situe dans une zone contrôlée par le gouvernement de Juba, mais à la lisière des territoires tenus par la rébellion.

L'opposant historique Lam Akol, originaire de Malakal, a condamné une attaque "cruelle et lâche contre des civils innocents et non armés".

L'UNMISS compte plus de 12.000 Casques bleus, dont la moitié sont chargés de la protection des civils réfugiés dans leurs bases.

En avril 2014, au moins 48 civils avaient été tués dans un assaut d'hommes armés contre la base de l'ONU de Bor (est). Les Casques bleus avaient répliqué, tuant au moins dix assaillants.

Le Soudan du Sud est devenu indépendant en juillet 2011, après des décennies de conflit avec Khartoum. La guerre civile a éclaté en décembre 2013 à Juba, lorsque le président Salva Kiir a accusé son vice-président, Riek Machar, de fomenter un coup d'État.

Plus de 2,3 millions de personnes ont été chassées de chez elles et des dizaines de milliers tuées par la guerre et les atrocités à grande échelle qui l'accompagnent - massacres ethniques, viols, torture, meurtres et recrutement d'enfants, déplacements forcés de populations - dont sont responsables les deux camps. Le Soudan du Sud est aussi dans une situation humanitaire catastrophique.

Mi-février, le président Kiir a réinstallé M. Machar, devenu le chef de la rébellion, comme vice-président, dans le cadre d'un accord de paix signé en août 2015. M. Machar ne s'est pas encore rendu à Juba pour prendre ses fonctions, alors que les combats se poursuivent entre armée régulière et différents groupes rebelles locaux.

M. Ban a demandé une nouvelle fois aux dirigeants sud-soudanais d'appliquer l'accord de paix.

Avec AFP

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