Dans un autre document confidentiel dont l'AFP a eu copie et adressé au Conseil de sécurité, Ban Ki-moon relève que la constitution d'une force de protection régionale pour épauler la Minuss (Mission de l'ONU au Soudan du Sud) prend du retard. Il accuse le gouvernement sud-soudanais de trainer des pieds.
"Le risque d'atrocités de masse au Soudan du Sud est très élevé, notamment du fait de la recrudescence des discours haineux et de l'incitation aux violences ethniques constatée depuis quelques semaines", note M. Ban. "Nous devons définir clairement ce que le système des Nations Unies pourrait faire ou ne pas faire" dans cette éventualité.
Certes, les 13.000 soldats et 2.000 policiers de la Minuss protégeront les civils "en employant tous les moyens nécessaires".
Mais "il doit être bien compris que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies n'ont pas l'amplitude, les effectifs ni les capacités nécessaires pour intervenir en cas d'atrocités de masse".
M. Ban indique qu'il va envoyer une délégation à Addis Abeba pour discuter avec l'Union africaine d'une coopération à ce sujet.
Une force de 4.000 hommes, essentiellement africaine, doit se déployer à Juba pour protéger les civils en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité.
Mais le gouvernement sud-soudanais, qui doit faciliter son déploiement, ne lui accorde qu'un soutien "mitigé et limité", relève M. Ban dans sa note confidentielle adressée au Conseil.
Le gouvernement du président Salva Kiir "continue d'osciller entre coopération et obstruction afin de diluer l'impact de la force de protection et d'affaiblir la capacité de la Minuss à surveiller la dégradation de la sécurité, de la situation humanitaire et des droits de l'homme dans le pays".
M. Ban se plaint en particulier de "constantes restrictions à la liberté de circulation" des Casques bleus.
Dans un autre rapport, préalable au renouvellement du mandat de la Minuss qui expire en décembre, M. Ban estime que le Conseil "devrait décréter un embargo sur les armes au Soudan du Sud et exposer à des sanctions ciblées les personnes cherchant à faire obstruction au processus de paix".
Le Conseil a menacé de prendre de telles mesures si Juba ne se montrait pas assez coopératif. Mais il est divisé, la Russie notamment refusant un embargo.
Ban Ki-moon estime que le pays est "au bord du gouffre", et se dit "profondément préoccupé par la détérioration soudaine de la situation au Soudan du Sud".
Selon lui, "les conditions de sécurité se dégradent de jour en jour (et) les tensions ethniques et la fin de la saison des pluies en novembre feront encore monter la violence".
Avec AFP