Ces nouveaux combats provenaient notamment de Jebel, un des quartiers où les affrontements de la veille ont été les plus virulents, ainsi que du quartier de Munuki. Un travailleur humanitaire installé à Juba et contacté par l'AFP à Nairobi a confirmé ces tirs.
Selon la mission de l'ONU au Soudan du Sud et des médias locaux, les affrontements gagnaient en intensité dans la matinée.
Depuis vendredi, les combats auraient fait près de 300 morts, selon des sources locales.
Dans la nuit, tandis que le Conseil de sécurité de l'ONU réuni en urgence exigeait du président sud-soudanais Salva Kiir et de son rival, le vice-président Riek Machar, de "faire le maximum pour contrôler leurs forces respectives et mettre fin d'urgence aux combats", le fracas des armes s'était tu.
Des pluies orageuses se sont abattues sur Juba toute la nuit, rendant encore plus précaire la situation des milliers de civils apeurés qui ont dû fuir à la hâte les quartiers les plus touchés par les affrontements dimanche.
- 'Situation terrifiante' -
Parmi eux, le correspondant de l'AFP sur place a décrit une "situation terrifiante".
Des habitants se sont réfugiés dans un camp de l'ONU, à proximité duquel les combats ont éclaté, et qui abrite déjà 28.000 déplacés.
Sur les radios, un appel à la cessation des hostilités par l'influent Conseil des Églises du Soudan du Sud tournait en boucle depuis dimanche, en vain.
"Nous condamnons tous les actes de violence sans exception. Il est révolu le temps de porter et d'utiliser des armes. A présent, il s'agit de construire une nation pacifique", écrivent les leaders religieux dans ce communiqué radiodiffusé.
Tout au long de cette journée, les troupes loyales au président Kiir ont combattu les ex-rebelles du vice-président Machar, cantonnés dans la capitale en vertu d'un accord de paix signé en août 2015.
L'ONU a fait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d'"armes d'assaut lourdes" à Juba. La présence d'hélicoptères de combat et de chars a également été signalée.
On ignorait lundi le nombre de victimes des combats de dimanche mais, d'après plusieurs médias locaux citant le ministère de la Santé, 270 personnes, combattants et civils, ont péri dans de premiers affrontements vendredi.
- Renforcer la Minuss -
Les combats de dimanche, au lendemain du 5e anniversaire de l'accession à l'indépendance du Soudan du Sud, font craindre une reprise des combats à grande échelle dans tout le pays, déchiré depuis décembre 2013 par un guerre civile dévastatrice, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et près de trois millions de déplacés.
Les 15 membres du conseil de sécurité de l'ONU, dans leur déclaration unanime, ont demandé aux "pays de la région" et à l'Union africaine de "discuter fermement avec les dirigeants sud-soudanais pour traiter cette crise".
Les membres du Conseil "envisagent de renforcer" la Minuss, la mission de l'ONU au Soudan du Sud, et demandent aux pays de la région "de se préparer à fournir des troupes supplémentaires au cas où le Conseil le déciderait". La déclaration ne précise pas quels pays seraient sollicités ni l'ampleur du renforcement envisagé.
Une réunion des ministres des Affaires étrangères de la sous-région (Igad) est prévue lundi à Nairobi pour discuter de la crise en cours.
Selon un responsable de l'ONU, un Casque bleu chinois a été tué dans les combats à Juba et 12 autres de diverses nationalités ont été blessés, dont deux grièvement. Parmi les blessés se trouvent des soldats rwandais de la Minuss.
Dimanche, le conseil de sécurité de l'ONU a également souligné que "les attaques contres les civils ou contre le personnel et les locaux de l'ONU pourraient constituer des crimes de guerre".
De leur côté, les Etats-Unis ont réclamé la fin immédiate des combats et annoncé le retrait de Juba de tout le personnel de leur ambassade jugé non essentiel. Dimanche après-midi, l'aéroport de Juba était fermé et lundi matin, les vols commerciaux au départ de Nairobi vers Juba étaient annulés.
Avec AFP