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Pas d'examen pour près de 900 étudiants apeurés au Soudan du Sud


Des élèves assis devant leurs salles de classe lors d’une recréation à l’école secondaire Supiri à Juba, Soudan du Sud.
Des élèves assis devant leurs salles de classe lors d’une recréation à l’école secondaire Supiri à Juba, Soudan du Sud.

Près de 900 étudiants réfugiés dans un camp de l'ONU dans la capitale, Juba, ont renoncé cette semaine à passer l'examen de fin d'études secondaires par crainte pour leur sécurité, indique l'un de leurs professeurs.

Gatwot Matai, enseignant dans l'une des trois écoles installées au sein du camp de protection des civils (POC) de Juba, a expliqué à l'AFP que 965 élèves devaient passer cet examen qui ouvre la porte aux études supérieures.

Mais seuls 70 d'entre eux ont accepté d'obéir aux ordres du gouvernement qui leur a intimé de quitter le camp, situé sur une base fortifiée de l'ONU, pour passer leur examen à l'extérieur, a ajouté M. Matai.

Selon lui, le gouvernement n'a pas expliqué pourquoi il refusait que cet examen - qui concerne quelque 20.000 étudiants à l'échelon national - ait lieu à l'intérieur du camp, seul endroit de la capitale où ils se sentent en sécurité.

Contacté par l'AFP, un haut responsable du ministère de l'Education, Lul Ruei Dhol, a affirmé que celui-ci "travaillait sur une solution".

La plupart des étudiants concernés sont abrités sur cette base de l'ONU depuis le déclenchement en décembre 2013 de la guerre civile, qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés.

Cette guerre, dans laquelle des atrocités ont été attribuées aux diverses parties au conflit, oppose principalement les forces du président Salva Kiir, d'ethnie dinka, aux hommes de l'ancien vice-président Riek Machar, issu de l'ethnie nuer.

Près de 40.000 personnes vivent dans le camp de l'ONU à Juba. Dans leur immense majorité, ces personnes sont nuer ou issues d'autres minorités ethniques, alors que le gouvernement et les forces de sécurité à Juba sont largement dominés par les dinka.

Des centaines de civils avaient été tués en juillet 2016 lors de la dernière éruption de violences dans la capitale.

"Nous n'avions pas confiance dans le fait de sortir du camp", a expliqué à l'AFP Thuk Bentiu, 23 ans, l'un des étudiants en question, qui rêve d'aller à l'université pour y poursuivre des études d'agronomie.

"Si nous avions un gouvernement qui nous protège à l'extérieur, nos gens (de la même ethnie, NDLR) n'auraient pas été tués et nous ne nous serions pas enfuis vers le POC", a-t-il indiqué.

"C'est malheureux que des gens comme nous, qui sommes des survivants, devions passer notre examen à l'extérieur" du camp, a-t-il ajouté.

Avec AFP

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