"Nous avons été convoqués par les services de la Sécurité nationale, et (...) ils nous ont donné un document officiel nous ordonnant de fermer", a déclaré à l'AFP le rédacteur en chef du Nation Mirror, Simon Aurelious, précisant que l'ordre de fermeture avait été émis mardi.
Selon M. Aurelious, les responsables de la Sécurité nationale ont indiqué au Nation Mirror que "le journal s'est livré à des activités incompatibles avec son statut", sans pour autant fournir d'explication plus précise.
Mardi et mercredi matin, le quotidien avait consacré sa première page à un rapport de la fondation américaine The Sentry, co-fondée par l'acteur George Clooney, accusant l'élite politique et militaire du Soudan du Sud de s'être enrichie en profitant de la guerre civile qui ravage le pays depuis décembre 2013.
Le rapport, dont la présentation à Washington avait été couverte par de très nombreux médias à travers le monde, épingle en premier lieu le président Salva Kiir et son ancien vice-président devenu son ennemi à la tête de la rébellion, Riek Machar.
Le gouvernement a quant à lui qualifié le rapport de "foutaise absolue".
M. Aurelious a souligné que les autorités avaient menacé deux semaines plus tôt de fermer le journal après que ce dernier eut refusé de révéler le nom de l'auteur d'un article très critique envers le gouvernement. Le Nation Mirror avait par ailleurs été fermé pendant neuf mois à partir de février 2015 à la suite d'un article sur les activités de rebelles liés à Riek Machar.
"C'est une nouvelle choquante", a de son côté réagi Alfred Taban, président de l'Association pour le développement des médias au Soudan du Sud. Journaliste respecté, M. Taban avait lui-même été détenu au secret pendant 13 jours en juillet après la publication d'un éditorial au vitriol dénonçant l'échec complet des deux têtes de l'exécutif sud-soudanais, MM. Kiir et Machar.
Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est le théâtre depuis décembre 2013 d'une guerre ayant fait des dizaines de milliers de morts et marquée par des atrocités, dont des massacres à caractère ethnique.
Quelques jours avant l'annonce de la fermeture de journal, l'ONU s'était inquiétée de menaces ciblant des représentants de la société civile ayant rencontré les membres du Conseil de sécurité de l'ONU à Juba le 3 septembre.
Avec AFP