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Soutenir l'accord ou risquer de voir le Brexit leur échapper: le dilemme des Brexiters


Des manifestants pro-accord avec l'UE devant le Parlement, à Londres, le mercredi 6 mars 2019.
Des manifestants pro-accord avec l'UE devant le Parlement, à Londres, le mercredi 6 mars 2019.

Les députés britanniques partisans du Brexit sont face à un dilemme: soutenir l'accord de divorce conclu avec Bruxelles par la Première ministre Theresa May, qu'ils jugent insatisfaisant, ou pas, au risque de voir le Brexit ne jamais se produire.

Le traité de retrait de l'Union européenne, qui sera représenté au vote mardi soir après un rejet massif du texte mi-janvier, au lieu de libérer le Royaume-Uni des chaînes de l'Union européenne en fera, selon eux, un état vassal.

En cause à leurs yeux, le maintien provisoire du Royaume-Uni dans une union douanière européenne, synonyme d'obligation de continuer à appliquer des réglementations dictées par Bruxelles.

Ce compromis, baptisé "filet de sécurité", a été adopté en attendant de trouver une solution pérenne pour éviter le retour d'une frontière physique entre les deux Irlande: la république d'Irlande, qui restera dans l'UE, et la province britannique d'Irlande du Nord, qui en sortira avec le reste du Royaume-Uni.

John Longworth, co-président du mouvement "Leave Means Leave ("Sortir signifie sortir"), a estimé qu'il constituait une "humiliation" pour le Royaume-Uni, lundi lors d'une réunion du centre de réflexion eurosceptique Bruges Group, près du Parlement. Les partisans d'un Brexit pur et dur y ont affiché leur préférence sous les cris enthousiastes du public: un divorce sans accord.

Peu importent les prédictions les plus noires des économistes et les mises en garde des milieux d'affaires en cas de retour de droits de douanes et de contrôles aux frontières avec les 27: Jacob Rees-Mogg, le patron du groupe de députés conservateurs eurosceptiques ERG, qui revendique entre 60 et 80 membres, estime qu'un "no deal" donnerait un coup de fouet à l'économie du pays.

Les changements obtenus lundi soir par Mme May de Bruxelles, qui selon elle vont "garantir que l'Union européenne ne puisse pas agir avec l'intention de mettre en oeuvre le filet de sécurité indéfiniment", vont-ils les convaincre de soutenir son plan?

Jusqu'ici, l'ERG ne s'est pas laissé impressionné par les mises en garde de Theresa May sur la possibilité que le rejet de l'accord finisse par retarder la date du Brexit, prévu le 29 mars, de quelques semaines voire quelques années. Ou qu'il n'ait finalement pas lieu du tout si les europhiles arrivent à obtenir l'organisation d'une nouvelle consultation des Britanniques qui pourraient changer d'avis.

- Singapour bis -

Pour Henry Newman, de l'influent blog conservateur ConservativeHome, les membres de l'ERG "chassent un mirage". "Brexiters, réveillez-vous! (...) Certes l'accord est loin d'être parfait (...) mais le risque est que le Brexit ne s'échappe", prévient-il dans une chronique publiée la semaine dernière.

L'hebdomadaire conservateur The Spectator, pro-Brexit, leur a enjoint de "se pincer le nez et voter pour l'accord de Theresa May".

Pour Pascale Joannin, directrice générale du centre de réflexion pro-européen Robert Schuman, leur "positionnement est au-delà du rationnel, c'est de l'idéologie, du parti pris, on sort et advienne que pourra".

Nick Cohen, éditorialiste au journal dominical The Observer, voit, lui, une logique très politique dans l'attitude de l'ERG.

"Ils n'ont jamais caché que leur ambition était de revenir sur la protection sociale des travailleurs", écrivait-il en décembre. "Quitter l'UE peut concrétiser leur rêve", ajoutait-il, rappelant que David Davis, ex-ministre chargé du Brexit, avait vanté en 2016 la possibilité pour un Royaume-Uni indépendant de l'UE de lui faire concurrence en offrant "des impôts plus bas, une régulation plus souple et d'autres incitations fortes".

Leur rêve ultime: utiliser le Brexit pour faire du Royaume-Uni un Singapour bis, afin de capter les investissements directs étrangers.

Lundi, le groupe de Bruges a vanté la suppression totale des droits de douanes.

Avec AFP

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