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Spécial Gao : une vue panoramique de la Cité des Askia


La population locale est loin d’avoir accepté l’occupation dans la mesure où les problèmes sociaux et économiques se sont aggravés depuis l’arrivée des rebelles.

La ville des Askia, ainsi qu’on la surnomme, est la porte vers le grand désert du Sahara. Depuis que Gao est tombée aux mains des rebelles, la ville a accueilli plusieurs émirs d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique, qui ont quitté les grottes dans les montagnes. Ils ont choisi de se mettre à l’abri dans cette ville, la plus importante du Nord malien. Selon Abdoulaye Yattara, spécialiste d'AQMI, les principaux chefs d’AQMI sont à Gao, notamment Benmokhtar et Abdelhamid Abou Zeid.

La population locale est loin d’avoir accepté l’occupation dans la mesure où les problèmes sociaux et économiques se sont aggravés depuis l’arrivée des rebelles.

L’appel radiophonique du président du Conseil de transition de l'Azawad demandant pardon aux habitants de Gao a suscité une réaction négative de nombreux habitants. Un homme interrogé par Idriss Fall dit qu’il ne voit pas comment on peut parler de pardon face aux exactions des groupes armés.

Les jeunes de Gao se sont révoltés et ont affronté à mains nues les balles réelles des nouveaux pouvoirs dans la cite des Askia. Bouba Maïga, président du conseil régional des jeunes de Gao, explique que les groupes armés ont fini par assouplir leur position face à la réaction des jeunes. Certaines femmes refusent le diktat du hijab décidé par les islamistes. Nafissatou Maïga, enseignante à Ménaka, circule sur sa moto tresses au vent. Pas question de se soumettre aux islamistes, dit-elle, ajoutant n’avoir jamais eu de problème avec les militants qui, dit-elle, ont plutôt peur des femmes déterminées comme elle.



La vie au quotidien n’est pas aisée

Vivre à Gao n'est pas facile même si le grand marché baptisé Washington est bien achalandé. L'argent s'est fait rare. Les banques ont été saccagées. Des quartiers entiers sont plongés dans le noir par manque d'électricité depuis l'arrivée des rebelles. L’eau potable manque dans cette ville pourtant située au bord du fleuve Niger.

L'hôpital local n'a pas été épargné par les pillages, explique le docteur Cissé Boubacar Oumar chef du service des urgences.


L’exode des minorités religieuses

Depuis l'arrivée des islamistes, les catholiques et protestants ont déserté Gao. L'église catholique locale a été entièrement détruite. Croix, portes et fenêtres ont été enlevées, laissant des murs nus. On se rappelle que le fameux rallye Paris-Dakar avait été oblige de changer son parcours pour éviter les enlèvements revendiqués par Al-Qaïda au Maghreb Islamique.

Ironie du sort, aujourd'hui, c'est le restaurant Thierry Sabine, du nom du fondateur de ce rallye, qui sert à manger aux islamistes. Ramatou Maïga, propriétaire des lieux, dit qu’elle reçoit de nombreux militants islamistes dans son restaurant. Elle dit qu’elle revêt son hijab dès qu’elle les entend arriver, question de ne pas avoir d’ennuis avec eux, a-t-elle expliqué.

Tous les débits d’alcool de la ville ont été démolis. Un ancien tenancier de bar qui, juste avant l'arrivée des rebelles, roulait dans de grosses cylindrées vit, aujourd'hui, comme un sans-abri à Gao. Les militants ont tout saccagé, dit-il. Aujourd’hui, il dit qu’il est au chômage, « dans la rue », et qu’il ne peut pas pardonner à ceux qui ont saccagé son commerce.

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