Onaida Maisha Bongo Ondimba, 25 ans, fille du défunt président, a saisi en référé le TGI (Tribunal de grande instance) de Nantes (ouest) après que le parquet local lui a refusé la copie intégrale de l'acte de naissance de l'actuel chef de l'État gabonais Ali Bongo, le seul parmi les 54 héritiers déclarés d'Omar Bongo à ne pas avoir produit ce document, a souligné jeudi lors de l'audience l'avocat de la jeune femme, Éric Moutet.
Après une première citation en mars pour avoir délivrance de cet acte par le Service central d'état civil (SCEC), service décentralisé du ministère des Affaires étrangères à Nantes, l'héritière d'Omar Bongo avait fait citer une nouvelle fois le 24 septembre le président gabonais, mais l'audience avait été renvoyée.
Le SCEC est compétent pour les actes de naissance de personnes nées en Afrique équatoriale française (AEF) jusqu'en 1960, date de l'accession de ces ex-colonies à l'indépendance. Or Ali Bongo Ondimba est officiellement né le 9 février 1959 à Brazzaville, capitale de l'AEF qui comprenait tout ou partie du Gabon, du Congo, du Tchad et de la République centrafricaine.
L'acte de naissance du président gabonais est au coeur d'une vive controverse à Libreville, ses détracteurs l'accusant d'avoir menti sur ses origines. Au Gabon il faut être né Gabonais pour briguer la présidence et le prochain scrutin présidentiel est prévu en 2016.
A l'origine de la polémique, un livre du journaliste français Pierre Péan, "Nouvelles affaires africaines", qui affirme que M. Bongo a falsifié son acte de naissance et serait en fait un enfant nigérian adopté pendant la guerre du Biafra, à la fin des années 60, une thèse vigoureusement démentie par la présidence qui a porté plainte contre le journaliste.
Après avoir dit dans un premier temps, en novembre, que l'acte de naissance d'Ali Bongo ne figurait pas dans ses registres, le SCEC avait délivré le 18 juin à une association de la diaspora gabonaise proche de l'opposition un extrait de naissance allant dans le sens de la version officielle, "deux courriers contradictoires", a relevé M. Moutet.
Le représentant du ministère public a estimé que la requête était "juridiquement recevable, mais mal fondée". "Au travers de la communication de l'acte, ce qui est recherché c'est le lien de filiation, que soit démontré qu'Ali Bongo n'est pas le fils d'Omar Bongo. (...) Vous n'êtes pas le juge de la filiation, mais le juge de l'état-civil", a-t-il lancé au président du tribunal, lui demandant de rejeter la demande.
Qualifiant cette procédure de "nauséabonde", l'avocate d'Ali Bongo, Claude Dumont-Beghi, a estimé que la jeune femme n'avait "strictement aucun intérêt légitime à solliciter cet acte", son client ayant été désigné légataire universel par un "testament authentique".
"Si Mme Onaida considère qu'un des héritiers n'est pas un héritier légitime, elle aurait du contester cette notoriété, ce testament. Ça n'a pas été fait", a poursuivi Me Dumont-Beghi, accusant l'étudiante de 25 ans, vivant à Libreville, d'être "manipulée" par des "torchons sur Internet" et par "le torchon de M. Péan" et d'"alimenter une polémique hystérique qui ne sert à rien". Le tribunal rendra sa décision le 12 novembre.
Avec AFP