Parmi eux, environs 3.000 producteurs et artisans provenant de cinq territoires du Sud-Kivu. Ce rassemblement -placé sous le thème de la "Valorisation de l’agriculture paysanne"- est organisé par le Comité pour l’autopromotion à la base (CAB) en collaboration avec ses partenaires.
C’est un véritable rendez-vous du "donner et recevoir" dans cette mini-foire agricole dénommée "Journée champêtre".
Du 2 au 4 janvier, des délégations des agriculteurs, fermiers, artisans, micro-entrepreneurs ruraux venus des territoires de Kabare, Walungu, Kalehe, Uvira, Fizi et des périphéries de la ville de Bukavu ont exposé les fruits de leur labeur. Ils ont partagé leurs expériences en matière de production et d'adoption de meilleurs pratiques agropastorales, en présentant leurs attentes vis-à-vis des décideurs.
"Le CAB veut soutenir la production locale: les journées champêtres sont des occasions de montrer à l’opinion que la production agricole est possible pour nourrir le pays, si le paysan met en œuvre les techniques et approches de production que nous vulgarisons. Nous voulons qu’au-delà de l’agriculture pour vivre, consommer et manger, le paysan transforme et donne de la valeur à ses produits. Aux autorités politiques et acteurs économiques, nous montrons que grâce à des politiques bien avisées, nous sommes un pays qui peut produire suffisamment et exporter", a précisé Patient Bagenda, secrétaire général du CAB.
Sur des stands dressés en demi-cercle sur un espace à découvert, la créativité locale et la richesse du Sud-Kivu pointent aux yeux avec fierté: bétail, animaux de basse-cour, manioc, bananes, légumes, fruits, légumineuses, pagnes, huile de palme, briquettes, objets brodés ou tannés, ainsi que des produits manufacturés au niveau local. Tout y est et se vend dans une ambiance bon enfant avec des opportunités de connexions.
"Pour AFSDI, ça nous a permis de faire connaitre l’Artemisia, la plante qui guérit le paludisme et surtout de donner la possibilité aux autres de la cultiver. Et beaucoup de gens étaient contents de découvrir la plante. Mais aussi comme nous produisons des savons, nous avons découvert des organisations qui produisent et fournissent des matières premières dont nous avons besoin pour la savonnerie. Avec ces partenaires, il y a lieu de faire de bonnes affaires", a dit à VOA Afrique Jacqueline Ludunge, de l’association des Femmes solidaires pour le développement intégré.
Le gouverneur du Sud-Kivu ,Theo Ngwabidje s’est dit impressionné par tant d’engagement des hommes et des femmes à produire bio.
"Nous allons travailler avec cette organisation le CAB pour appuyer le travail qui est fait par différentes coopératives. Appuyer les mamans, les hommes et les jeunes qui sont dans le secteur agricole à quitter l’agriculture de subsistance pour une agriculture mécanisée, voilà notre vision. Et nous allons voir ceux qui sont dans le secteur pour les appuyer avec des crédits, des petites subventions pour qu’on quitte les petites productions et qu’on commence à produire en grande quantité", a déclaré avec détermination le gouverneur Ngwabidge, qui a fait le tour de tous les stands en discutant avec les paysans sur les défis qu’ils rencontrent dans leur travail.
Il a promis la réhabilitation des routes de desserte agricole pour un meilleur écoulement de denrées produites en arrière province.
"Les producteurs ont posé un problème de fiscalité qui pèse sur eux. Nous allons envisager des allègements", a conclu le gouverneur.
L'évènement est une occasion pour le Comité pour l’autopromotion à la base, l’Association pour l’entreprenariat féminin et le Groupe d’études et d’action pour le développement du Sud-Kivu de plaider pour l’amélioration du climat des affaires dans le secteur agricole en favorisant des marchés intérieurs et surtout la souveraineté alimentaire.
Outre la remise de prix aux meilleurs producteurs, cette 12e journée champêtre a tenu des conférences-débats sur des questions de développement, changement climatique et gouvernance,. Des projections de documentaires sur l’agriculture ont également eu lieu, ainsi que des animations culturelles et échanges divers sur les défis de la production et la transformation agropastorale, les potentialités et la créativité locale en matière d'emploi rural et d'entreprenariat.
Les paysans se sont dits satisfaits de voir leurs produits s’écouler à vive allure et surtout de s'être constitués en synergie inter-coopérative.
Le CAB organise régulièrement des journées champêtres. Pour cette année, cela s’est fait en partenariat avec l’Association pour l’entreprenariat féminin et le Groupe d’études et d’action pour le développement du Sud-Kivu.