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Sur le front au sud de Tripoli, "le calme avant la tempête" en Libye


Des membres des forces gouvernementales libyennes marchent à proximité d'un char endommagé appartenant aux forces orientales dans la région d'Al Hira, au sud-ouest de Tripoli, en Libye, le 23 avril 2019.
Des membres des forces gouvernementales libyennes marchent à proximité d'un char endommagé appartenant aux forces orientales dans la région d'Al Hira, au sud-ouest de Tripoli, en Libye, le 23 avril 2019.

En ce mois de ramadan, sur le front au sud de la capitale libyenne Tripoli, les combattants de la "katibat 166" s'offrent un moment de répit, le temps d'un repas marquant la rupture du jeûne: viande grillée pour les uns, pigeons farcis pour les autres.

"On ne se prive de rien", lance avec humour l'un des membres de cette brigade venue de Misrata, à 200 km plus à l'est, pour combattre les forces du maréchal Khalifa Haftar.

Avec son téléphone, il prend une photo de la viande sur le gril. "Je l'envoie à ma fille qui voulait connaître le menu de ce soir !".

Dans une ferme de la banlieue al-Swani, à 25 km au sud de Tripoli, les préparatifs du repas de rupture du jeûne de ramadan se déroulent dans un brouhaha bon enfant.

Le bombardement d'un avion à quelques centaines de mètres rappelle aux combattants la réalité de la guerre, mais ne gâche pas pour autant l'ambiance.

Avec d'autres forces de la capitale et d'autres villes de l'ouest libyen, la "katibat 166" oppose une résistance farouche aux troupes du maréchal Haftar, l'homme fort de l'est du pays, qui tentent de s'emparer de capitale depuis début avril.

- "Rien à cacher" -

Au départ, les combats ont été acharnés, avant de devenir sporadiques dans plusieurs quartiers densément peuplés de la banlieue sud, où les forces loyales au Gouvernement d'union nationale (GNA) ont réussi à empêcher les forces pro-Haftar d'entrer dans la capitale.

Et les positions militaires des deux camps sont quasiment figées depuis quelques semaines sur une ligne de front de plus d'une centaine de kilomètres.

"Nous n'étions pas prêts à cette guerre. Lui (Haftar) se préparait depuis quatre ans", lance Hamza al-Hsan, un des commandants de cette brigade venue de Misrata pour épauler les forces du GNA, reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli.

"Mais ce n'est que le calme avant la tempête", ajoute-t-il.

Selon lui, les forces du GNA se sont contentées jusqu'ici de défendre mais passeront "bientôt" à l'offensive.

"Là nous nous organisons et nous commençons juste à utiliser les armes lourdes. (La victoire) est une question de temps", poursuit-il.

Hamza s'installe à l'heure du thé au milieu de ses compagnons d'armes sur des banquettes rouges.

Il y a quelques jours, il combattait aux côtés de son frère Mohamad, le commandant de la brigade, avant que ce dernier ne soit blessé sur le front.

Mohamad avait déjà été blessé en 2015 dans les affrontements contre le groupe Etat islamique (EI) à Syrte (est). Il avait peu auparavant succédé, à la tête de la brigade, à son père, mort dans les combats.

"J'ai dû terminer la bataille seul", se souvient Hamza.

"Nous avons perdu des êtres chers" dans ces combats contre l'EI, dit-il. "Et maintenant, Haftar dit être venu combattre les terroristes", en parlant de nous, s'insurge-t-il.

"Nous n'avons rien à cacher. Tous les médias étrangers ont visité les différentes lignes de front sans restrictions. Pourquoi Haftar ne donne-t-il pas accès à la presse? C'est parce qu'il a sûrement des choses qu'il ne veut pas montrer", lance un autre membre de la brigade.

Les troupes du maréchal Haftar ont lancé le 4 avril leur assaut sur la capitale, affirmant vouloir "purger le dernier foyer des terroristes en Libye".

Ses rivaux l'accusent de vouloir "prendre le pouvoir par la force".

- "Moral à zéro" -

Si le GNA a ouvert la capitale à des dizaines de médias étrangers pour couvrir les combats, aucun journaliste indépendant n'a pu accéder à l'autre camp, qui se contente de publier des images de ses forces sur les réseaux sociaux.

Pour Hamza, "malgré sa propagande, (Khalifa) Haftar ne peut tenir longtemps", à plus de 1.000 km de ses bases de Benghazi.

"Plus la guerre dure, plus elle sera à notre avantage", estime-t-il.

Ibrahim Riadh, 35 ans, est chargé des opérations de reconnaissance à l'aide de deux drones ordinaires.

Malgré le "peu de moyens" dont il dispose, il estime fournir de précieuses informations sur les positions de l'ennemi à sa brigade.

"Nous n'avons pas assez d'équipements mais nous avons des hommes qui ont de l'expérience".

"Haftar croyait que Tripoli allait tomber facilement. Il a oublié un élément très important: les hommes en face de lui ont combattu durant huit mois l'EI, dont les combattants sont réputés comme les plus farouches", clame-t-il.

Pour Ibrahim aussi, le statu quo sur le front ne risque pas de durer longtemps.

Les forces d'Haftar "ont tenté plusieurs fois (d'entrer dans Tripoli) et n'ont pas réussi", dit-il, assurant: "ils ont le moral à zéro".

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