Le cardinal Müller a fait sa plaidoire dans une interview en marge du synode sur la famille publiée dans la revue allemande Focus.
Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) évoque cette possibilité d'accorder la communion aux divorcés remariés "en examinant les situations et les cas particuliers". Il suggère une possibilité d'accès aux sacrements "selon leur conscience".
Le théologien allemand conservateur, citant Jean Paul II (1981), souligne la nécessité de "discerner les situations", par exemple "entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés". Il y a aussi le cas de ceux qui par "une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide", ou encore "ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent (...) n'avait jamais été valide".
En s'appuyant ainsi sur un texte de Jean Paul II, le cardinal Müller coupe l'herbe sous le pied de quiconque l'accuserait de trahir la doctrine.
Selon les rapporteurs des travaux, seule une minorité d'évêques ont demandé ouvertement la communion pour les divorcés remariés.
Afin de renforcer leurs dires, des évêques favorables à l'ouverture ont cité des histoires vécues, comme celle d'un enfant qui, après avoir reçu l'hostie des mains du prêtre, l'a brisée et en a donné un morceau à son père divorcé remarié.
D'autres prélats ont déploré la discrétion du synode sur certains sujets sensibles.
Mgr Peter Doyle, évêque de Northampton (Angleterre), interrogé par Radio Vatican, a ainsi regretté le peu de place accordée aux homosexuels dans les débats. Le synode a plutôt écarté la question, faute de "savoir quoi répondre pour le moment", a-t-il dit, estimant qu'elle mériterait à elle seule un synode.
Le secrétaire à l'Economie, le cardinal australien George Pell, du camp des conservateurs, a de son côté fermement défendu le concept d'Eglise universelle au moment où certains préconisent des solutions tenant compte des différences culturelles et géographiques, sur la question notamment des divorcés remariés.
"Catholique, cela veut dire universel, pas continental", a-t-il martelé à l'agence CNA.
Le pape François a appelé samedi, dans un discours clé, à une décentralisation et à un renforcement de la collégialité. Plusieurs évêques ont souhaité que les cas particuliers de divorcés remariés ainsi puissent être traités au niveau du diocèse.
Avec AFP