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Dans le nord de la Syrie, l'interminable attente pour fuir le groupe Etat islamique


Une vue générale de la ville d'Alep, en Syrie, le 13 décembre 2016.
Une vue générale de la ville d'Alep, en Syrie, le 13 décembre 2016.

A un checkpoint dans le nord de la Syrie, une femme et son mari sont assis dans un camion. Epuisés, ils attendent d'être autorisés à s'éloigner enfin des combats et des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Nuri Hassan Abdullah et son épouse n'ont pas le choix: ils doivent être patients.

"Depuis notre arrivée, ils nous ont contrôlés trois fois et ont examiné nos documents d'identité et de famille", explique l'homme.

Comme des dizaines de milliers de personnes, le couple cherche à fuir la partie orientale de la province d'Alep où l'EI subit l'assaut des forces du régime syrien. Il a quitté son village de Maskana il y a une semaine frappé par d'intenses raids aériens visant les jihadistes occupant les lieux.

Ces déplacés convergent en grand nombre vers Minbej et ses environs, plus au nord, un secteur contrôlé par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes.

Mais les FDS ont du mal à faire face à l'afflux de ces civils qui s'agglutinent aux checkpoints et qu'il faut contrôler pour s'assurer que ce ne sont pas des combattants de l'EI cherchant à fuir.

"J'ai perdu la carte d'identité de ma femme pendant les nombreux contrôles et maintenant je ne sais plus quoi faire pour poursuivre notre chemin", se désole Nuri Hassan Abdullah.

"Je dois passer pour accompagner ma femme à Damas afin qu'elle se fasse soigner un pied" qu'elle s'est fracturée il y a quelques semaines, explique-t-il.

Sa femme l'interrompt. "J'ai beaucoup souffert, j'espère pouvoir guérir".

Plus de 65.000 personnes ont fui les deux offensives actuellement dirigées contre l'EI, celle des forces prorégime soutenues par la Russie --qui ont repris aux jihadistes une centaine de localités depuis la mi-janvier-- et celle des FDS.

Les civils atteignent les checkpoints à pied, en voiture ou en minibus et ils attendent des heures et parfois des jours avant d'être autorisé à pénétrer dans le secteur de Minbej.

Certains choisissent de patienter dans les villages alentours tandis que d'autres s'en vont chercher meilleure fortune à d'autres points de contrôle.

A un checkpoint près du village de Saediya, se présentent deux hommes à bord d'une voiture remplie d'affaires. Abdelatif al-Khalaf, 29 ans, a une main bandée tandis que son camarade a été blessé au pied par des tirs.

"Des combattants de Daech (EI) ont ouvert le feu sur nous quand on prenait la fuite il y a quatre jours, à l'aube", raconte-t-il. "J'ai pu être soigné dans un hopital avec cinq autres blessés et nous avons ensuite passé plusieurs checkpoints avant d'arriver ici".

Un policier, Mohamed Ahmed al-Saadoun, justifie les longues files d'attente par la nécessité d'empêcher l'infiltration de jihadistes.

Au-delà des armes et des explosifs, ces contrôles portent sur la recherche de signes plus subtils d'appartenance au mouvement jihadiste, comme "des marques de port d'uniformes militaires ou de ceintures explosives, des traces laissées sur l'index par un appui répété sur la détente d'une arme à feu ou encore des blessures laissées par des tirs d'armes à feu ou des éclats".

Le porte-parole de la police de Minbej, Mahmoud Othmane Khalaf, affirme à l'AFP que les forces de sécurité ont ainsi arrêté une vingtaine de personnes soupçonnés d'être des jihadistes infiltrés parmi les civils en fuite.

"Nous ne permettrons à personne de mettre notre ville en danger", dit-il fermement.

Avec AFP

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