Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que Moscou avait soumis une proposition "tout à fait concrète", lors d’un entretien avec son homologue américain John Kerry dans la capitale bavaroise.
"Nous attendons la réponse américaine avant de la soumettre à l'ISSG", le Groupe international de soutien à la Syrie, a déclaré M. Lavrov à Munich jeudi.
Les rapports des médias occidentaux disent que la proposition de la Russie d’un cessez-le-feu débutant le 1er Mars est trop tardive pour éviter une crise humanitaire aggravée dans et autour d'Alep, la deuxième ville de Syrie, près de la frontière avec la Turquie. Un porte-parole américain a déclaré que Washington désirait une trêve immédiate.
Les rebelles veulent la “fin de la campagne d’abattage de la Russie”
Un membre éminent de l'opposition syrienne a déclaré que tout cessez-le-feu serait le bienvenu s’il arrête "la campagne russe de l'abattage". Il doit aussi y avoir la garantie que tous les bailleurs de fonds du régime de Damas - y compris les milices financées par l’Iran et les combattants du mouvement Hezbollah au Liban – observent eux aussi une trêve.
Le chef d'une autre coalition rebelle a dit que la proposition de la Russie était simplement "quelque chose que le régime va utiliser pour se préparer à d'autres opérations militaires."
Kerry dit que lui et Lavrov aurait une "conversation sérieuse sur tous les aspects au sujet de ce qui se passe en Syrie." Le haut diplomate américain espère des progrès sur l'accès humanitaire aux civils en Syrie ainsi qu’un cessez-le-feu immédiat.
Les diplomates européens ont déclaré à VOA que retarder le cessez-le-feu de plusieurs semaines permettrait aux troupes gouvernementales russes et syriennes de reprendre Alep et d’envoyer encore plus de réfugiés vers la Turquie.
Reprendre le contrôle d'Alep, qui a été en grande partie sous contrôle rebelle depuis la mi-2012, marquerait un tournant possible pour le président syrien Bachar al-Assad afin d’écraser ses adversaires.
La Syrie comparée à l'Ukraine
"Ceci est tout droit sorti de la playbook du Kremlin", a déclaré un haut diplomate de l'Union européenne. Il a comparé la position de négociation de la Russie sur la Syrie à la manipulation de Moscou pendant les combats entre les forces gouvernementales et les séparatistes en Ukraine.
"Regardez l'Ukraine", a déclaré le diplomate: "[Il y avait des] cessez-le-feu, des offres de solutions. Mais pendant ce temps sur le champ de bataille, la pression continuait".
Kerry et Lavrov ont rejoint d'autres membres des 17 nations constituant le Groupe international de soutien à la Syrie, tard jeudi. La première réunion plénière fait part d'une solution politique possible de la crise syrienne.
Les manifestations contre la campagne de bombardement aérien par les forces gouvernementales russes et syriennes ont retardé les efforts des pourparlers de l’ONU ; ainsi que l'incapacité des diplomates de se mettre d'accord sur quelles factions rebelles inclure.
La prochaine réunion de l’ONU dans deux semaines
L’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura a retardé jusqu’au 25 février la prochaine réunion. Celle-ci comprendra les membres du gouvernement de Damas ainsi que les principaux groupes de l’opposition à la guerre civile, sans que tous deux se réunissent directement.
Un responsable turc a déclaré à VOA que la Russie pourrait peut-être parler d’une trêve à ce moment-là puisque son assaut militaire sur Alep est maintenant terminé.
"Maintenant, ils peuvent se concentrer sur ... la préparation pour la prochaine étape - à Idlib," a dit le fonctionnaire turc.
Les organisations de secours ont dénoncé les puissances mondiales de discuter d'une solution politique depuis le début de la guerre civile, il y a cinq ans, tout en ne faisant pas assez pour sauver la vie de civils en danger.
100,000 réfugiés en une semaine
Depuis la semaine dernière à la conférence sur la Syrie à Londres, près de 100.000 Syriens ont fui leurs maisons, a déclaré David Miliband.
Les plans des puissances mondiales visant à reprendre les pourparlers de proximité entre le gouvernement et l’opposition pourraient être suffisants afin de parvenir à un cessez-le-feu et de fournir un accès humanitaire aux civils touchés.
L'ancien ambassadeur américain en Syrie Robert Ford a déclaré que : "la chose la plus importante est de faire pression sur les Russes et les Syriens pour arrêter les bombardements aériens qui sont à l'origine de ces flux de réfugiés."
Toutefois, a-t-il ajouté, les États-Unis avaient déclaré de ne pas vouloir "faire véritablement pression sur la Russie."