"Nous sommes très préoccupés par les informations concernant une offensive du régime syrien près d'Alep et les informations selon lesquelles des frappes russes soutiennent cette offensive", a déclaré à l'AFP un haut responsable de l'administration Obama sous couvert d'anonymat, au lendemain de la reprise des négociations de paix à Genève.
"Des telles actions pourraient violer la cessation des hostilités qui tient depuis près de sept semaines", a-t-il ajouté, précisant que Washington avait fait part de ses "vives inquiétudes" à tous les membres du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG), dont la Russie.
Située dans le nord de la Syrie, Alep abrite différentes factions rebelles. Washington s'inquiète d'un éventuel assaut du régime contre le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, qui frapperait aussi des factions rebelles plus modérées, engagées dans le cessez-le-feu.
Le Front Al-Nosra et le groupe Etat islamique ne sont pas concernés par la trêve conclue sous les auspices des Etats-Unis et de la Russie entrée en vigueur le 27 février.
"Nous appelons la Russie à cesser toute provocation en Syrie et à utiliser son influence auprès (du président syrien Bachar al-) Assad pour appeler le régime à cesser les violations de la cessation des hostilités", a ajouté ce responsable. "L'heure est venue pour toutes les parties de tenir leurs engagements", a-t-il ajouté.
La chef de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini a également exprimé son inquiétude concernant les informations "de nouvelles offensives du régime syrien près d'Alep et à l'Est de Damas".
"L'UE soutient fortement les efforts de l'ONU pour la reprise des pourparlers sur la Syrie et est en faveur d'une transition politique, pour le bien des Syriens, de la région et du monde", a-t-elle ajouté.
Les difficiles négociations de paix sur la Syrie ont repris mercredi à Genève avec pour objectif la mise en place d'une transition politique mettant un terme à plus de 5 ans de conflit, mais un fossé demeure sur ce point entre le régime de Damas et l'opposition.
Un premier round de négociations intersyriennes s'était déjà tenu du 14 au 23 mars au Palais des Nations de Genève, siège de l'ONU, mais n'avait pas permis d'avancée majeure.
La feuille de route, fixée par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU, prévoit une période de 6 mois pour mettre en place un organe de gouvernement et rédiger une nouvelle Constitution, puis une période de 12 mois pour organiser des élections présidentielle et législatives. Le compte à rebours des 18 mois a officiellement démarré le 14 mars.
Le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a condamné les plans pour les nouvelles constructions.
Les derniers développements "doivent servir de rappel à la communauté internationale de sa responsabilité de mettre fin à ces crimes et de l'importance d'utiliser tous les forums, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies, pour réclamer des comptes à Israël sur ses crimes continus, pour mettre fin à l'occupation israélienne de la Palestine et honorer les droits inaliénables des Palestiniens", a-t-il déclaré, selon un communiqué de ses services.
Recrudescence des projets
Dans une interview accordée lundi à l'AFP, le président palestinien Mahmoud Abbas avait déjà affirmé la nécessité "urgente" d'une résolution du Conseil de sécurité condamnant la colonisation israélienne.
Les Palestiniens ont commencé à faire circuler un projet de résolution en ce sens.
Les projets de construction de logements dans les colonies de Cisjordanie ont plus que triplé durant le premier trimestre de cette année par rapport à la même période de 2015, avait indiqué la Paix maintenant en début de semaine.
Entre janvier et mars, les plans de 674 logements ont passé une des étapes nécessaires avant leur mise en chantier contre 194 au premier trimestre de l'an dernier.
Les nouveaux plans portent le total depuis début 2016 à au moins 903 nouveaux logements.
L'ONG souligne qu'en 2015 le nombre de projets de construction ainsi que les légalisations de colonies sauvages créées sans avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires des autorités israéliennes, avait fortement diminué par rapport à 2014.
"Il semble que le gouvernement israélien a changé de politique, peut-être parce que c'est la dernière année du (président américain) Barack Obama au pouvoir", estime Hagit Ofran.
"De toute façon, Benjamin Netanyahu ne manque jamais une occasion de construire dans les Territoires palestiniens", a-t-elle ajouté.
M. Netanyahu a été réélu il y a un an pour son troisième mandat consécutif à la tête d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël reposant sur une fragile coalition de partis religieux et nationalistes.
Avec AFP