Le président du Parlement de Tanzanie a démissionné jeudi, dernière illustration en date des divisions qui secouent le puissant parti au pouvoir dans ce pays d'Afrique de l'Est, le Chama Cha Mapinduzi (CCM).
Job Ndugai avait suscité la colère de la cheffe de l'Etat Samia Suluhu Hassan, également présidente du CCM, en critiquant fin décembre les emprunts "excessifs" du pays à l'étranger.
Dans un communiqué, M. Ndugai a indiqué jeudi avoir écrit au secrétaire général du CCM pour informer le parti de sa démission de son poste qu'il occupait depuis 2015.
"C'est ma décision personnelle et volontaire dans l'intérêt de mon pays, de mon gouvernement et de mon parti le CCM", écrit-il.
Des divisions au sein du parti Chama Cha Mapinduzi - ex-parti unique, au pouvoir depuis l'indépendance en 1961 - ont été rapportées depuis que Mme Hassan a pris ses fonctions après le décès soudain, en mars, du président John Magufuli qui dirigeait le pays depuis 2015 et dont elle était la vice-présidente.
Mardi, Mme Hassan a sous-entendu qu'elle allait remanier le gouvernement afin d'en exclure les ministres qu'elle suspecte de soutenir ses rivaux au sein du CCM.
"Quelle fierté y a-t-il à faire passer une sébile de mendiant?", avait déclaré M. Ndugai lors d'un événement public, "nous avons eu recours à l'emprunt chaque jour. Viendra un jour où ce pays sera bradé".
Ses propos ont déclenché un débat au sujet du niveau de la dette au sein de la majorité, mais beaucoup, notamment parmi les soutiens de Mme Hassan, l'ont sévèrement attaqué pour avoir critiqué la présidente.
"Je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un qui dirige l'un des piliers de l'Etat profère de telles paroles", a-t-elle elle-même déclaré, affirmant que le gouvernement continuerait d'emprunter pour financer des projets de développement.
Lundi, M. Ndugai, qui fut vice-président du Parlement entre 2010 et 2015, avait été jusqu'à s'excuser de sa remarque, affirmant avoir été mal compris.
Selon des données publiées par la banque centrale tanzanienne, la dette extérieure publique et privée de la Tanzanie représentait en novembre 28 milliards de dollars, dont 70% dus par le gouvernement.