L'élection présidentielle au Tchad se tiendra le 6 mai, a annoncé mardi l'Agence nationale de gestion des élections (ANGE), un scrutin qui mettra fin à une période de transition qui aura duré trois ans. Mahamat Idriss Déby Itno avait été proclamé président de la transition, à la tête d'une junte de 15 généraux, après la mort de son père Idriss Déby Itno, mortellement blessé par des rebelles au front en 2021.
Il avait immédiatement promis de rendre le pouvoir aux civils en organisant des élections 18 mois plus tard, échéance finalement repoussée de deux ans. La fin de la transition au Tchad avait alors été décalée au 10 octobre 2024. "Au-delà de cette date (du 10 octobre), le pays tombera dans un vide juridique, synonyme d'un chaos prévisible. Il est donc impératif de tenir les élections avant", a déclaré le président de l'ANGE Ahmet Bartchiret.
"L'ANGE a arrêté un chronogramme réaliste et réalisable qui s’articule notamment autour des points ci-après: le 6 mai 2024, tenue du premier tour de l’élection présidentielle", a annoncé M. Bartchiret. M. Déby s'était pourtant engagé auprès de l'Union africaine à ne pas se présenter, mais mi-décembre une nouvelle Constitution adoptée par référendum l'y a finalement autorisé.
"Dynastie Déby"
L'opposition, qui avait appelé à boycotter le scrutin, avait fortement contesté les résultats, évoquant "une confiscation du pouvoir". Elle avait aussi critiqué les nominations à la tête de l'ANGE, du Conseil Constitutionnel et de la Cour Suprême, organes chargés du contentieux électoral et de la validation des résultats.
Mahamat Déby peut aussi compter sur le Mouvement patriotique du salut, parti majoritaire fondé par son défunt père, qui l'a investi comme son candidat à l'élection présidentielle. Les partis d'opposition craignent la perpétuation d'une "dynastie Déby" dans le pays d'Afrique centrale, le deuxième le moins développé au monde selon l'ONU. Avant son fils, Idriss Déby Itno avait dirigé le pays de 1990 jusqu'à sa mort en 2021.
Les manifestations de l'opposition sont systématiquement interdites depuis celle réprimée dans le sang le 22 octobre 2022. Entre 100 et 300 personnes avaient alors été tuées par balles par les forces de l'ordre. Suite à cette manifestation, de nombreux cadres de l'opposition avaient été contraints de s'exiler, dont Succès Masra, actuel Premier ministre et président des Transformateurs, un parti politique anciennement d'opposition. M. Masra n'était revenu qu'un an après, à la faveur d'un accord de réconciliation qui a scellé sa rupture avec l'opposition.
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