Le gouvernement du Tchad informe les salariés du secteur public que d’ici le 25 juillet, les dispositions du protocole d’accord signé avec les partenaires sociaux vont être appliquées intégralement. Ces points concernent les salaires coupés en 2016 pour faire face à une grave crise économique et financière. La décision est accueillie de manière mitigée par les syndicats et fonctionnaires de l’Etat.
Il s’agit de l’augmentation additionnelle de 15% des AGS (augmentation générale spécifique) pour les porter à 100% et celle des primes et indemnités de 20% pour les porter à 85%. Les 15% restants doivent être payés en janvier 2021.
Avec ce remboursement, le fonctionnaire tchadien retrouvera son salaire initial coupé en 2016 et non une augmentation de salaire comme beaucoup le pensent, explique le porte-parole de la plateforme syndicale revendicative Barka Michel.
Pour lui, "c’est déjà bien" d'avoir rétabli les AGS, les primes et indemnités à hauteur de 85%".
"Mais ce n’est pas tous les fonctionnaires qui ont des indemnités, donc notre problème reste entier", a-t-il ajouté. Barka Michel souhaite par ailleurs que les avancements et les reclassements, ainsi que les frais de déplacements des fonctionnaires soient pris en compte. "Sinon, les travailleurs ne sont pas totalement satisfaits", a-t-il précisé.
La majorité des fonctionnaires concernés par les coupes des AGS, primes et indemnités sont du secteur de la santé et de l’éducation nationale.
Le président du Syndicat des Travailleurs Sociaux et de la Santé Younous Mahadjir estime que même avec le remboursement de ces primes et indemnités à 85%, les agents de la santé n’auront pas encore leur salaire normal.
Les agents de santé n'auront leur salaire normal que lorsqu’ils auront le reste de 15% des indemnités en 2021. Il déplore que le gouvernement restitue le salaire coupé mais oublie tout ce que les travailleurs avaient perdu depuis 2016.
Younous Mahadjir informe que "le problème sera posé au moment de la négociation du pacte social avec le gouvernement pour que cela soit considéré comme des arriérés qui doivent être très rapidement remboursés aux ayants droit".
En respectant l’esprit du protocole d’accord signé en janvier dernier avec les partenaires sociaux, le gouvernement est conscient de la situation des travailleurs, a déclaré le secrétaire général de la Confédération Libre des Travailleurs du Tchad, Brahim Ben Seid, un syndicat proche du parti au pouvoir.
"Le fait que le gouvernement applique le protocole d’accord qu’il a signé avec les syndicats malgré les dépenses sécuritaires et pour la lutte contre le coronavirus, est un acte de bonne foi qui peut permettre aux partenaires sociaux de signer le pacte social en cours", a déclaré Brahim Ben Seid.
Selon lui, "c’est la vie des gens et le gouvernement en est déjà conscient et il est en train d’améliorer les conditions de vie pour que le rendement des travailleurs soit plus important encore".
Les fonctionnaires se disent satisfaits mais recommandent le paiement des frais de transport de 2016 et 2019 et la levée du gel des effets financiers.
"Le gouvernement sait que cet argent a été coupé injustement, donc aujourd’hui, s’il nous ramène, cela montre aussi la bonne volonté du gouvernement. Mais il reste encore d’autres termes de l’accord qui n’ont pas été exécutés", a indiqué un fonctionnaire rencontré à la Bourse du travail.
Un autre enseignant indique que "la vieillesse n’attend pas et donc il faut qu’il y soit d’avancement pour préparer nos retraites".
Le Syndicat des enseignants du Tchad prend acte du remboursement pour permettre l’organisation des examens et concours de l’année en cours.
Mais d’après Ngartoidé Blaise, secrétaire général du SET, l’année scolaire est hypothéquée si les autres points comme la levée de gel des effets financiers, le paiement de frais de transports et celui des indemnités de commission administratives paritaires ne sont pas prise en compte. Ces indemnités n’ont pas été payées depuis 4 ans.