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Le pouvoir menace de suspendre les activités de la société civile au Tchad


Ahmat Mahamat Bachir, ministre de la Sécurité publique, à N'Djamena, Tchad, le 6 février 2018. (VOA/André Kodmadjingar)
Ahmat Mahamat Bachir, ministre de la Sécurité publique, à N'Djamena, Tchad, le 6 février 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

Au Tchad, une marche pacifique de quatre regroupements de partis politiques de l’opposition a été violemment réprimée mardi à N’Djamena par les forces de l’ordre. Le quartier général d’un porte-parole de ce regroupement, situé dans la commune du 7ème arrondissement, a été pris d’assaut par la police nationale.

Une véritable démonstration de force mardi au quartier général du porte-parole des partis politiques de l’opposition initiateurs de cette marche.

Les témoignages recueillis par VOA Afrique sur les lieux font état de cinq personnes blessées et une dizaine d’arrestations. Un journaliste a été également interpellé puis libéré par la police.

Djimet Clément Bagaou parle d’une victoire parce qu’ils ont bravé l’interdiction de cette manifestation.

Le quartier général du porte-parole de quatre regroupements des partis politiques de l'opposition démocratique Djimet Clément Bagao, au Tchad, le 6 février 2018. (VOA/André Kodmadjingar)
Le quartier général du porte-parole de quatre regroupements des partis politiques de l'opposition démocratique Djimet Clément Bagao, au Tchad, le 6 février 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

Il voulait regrouper autour de lui quelques chefs des partis politiques et des militants pour marcher en direction de la commune dudit arrondissement.

Ils ont été très vite dispersés après quelques pas par les forces de l’ordre avec du gaz lacrymogène.

Le ministre de l'Administration du territoire et de la Sécurité publique mis en garde les partis politiques et des associations de la société civile.

Au cours d'une déclaration faite mardi après-midi à son cabinet, Ahmat Mahamat Bachir menace de suspendre les activités de tout parti politique ou association de la société civile qui tenterait de braver l'interdiction d'une manifestation, fut-elle pacifique.

Il informe aussi que l'autorisation de fonctionner des partis politiques ou sociétés civiles récidivistes sera "purement et simplement retiré".​

Ahmat Mahamat Bachir a ainsi informé qu’aucune manifestation pacifique ne sera autorisée dans cette situation de crise sociale et sécuritaire.

D’autres manifestations ont été violemment dispersées à Sarh dans le sud du Tchad par des militaires. Aucun bilan n’a été fourni pour le moment.

>> Lire aussi : La grève contre les mesures d'austérité largement suivie à N'Djamena

Lundi, les principaux syndicats tchadiens avaient appelé à la grève générale et illimitée dans le secteur public après que les fonctionnaires aient constaté une baisse de leur salaire de janvier. Celle-ci est une conséquence de la nouvelle loi de finances 2018, qui ampute les émoluments des fonctionnaires d'une partie de leurs primes et indemnités.

Pays allié de la France et de l'Occident dans la lutte contre le jihadisme au Sahel, le Tchad traverse depuis deux ans une sévère récession économique, conséquence de la chute des prix du baril depuis 2014, alors que près de 40% de la population de plus de 14 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté.

>> Lire aussi : Baisse des salaires des fonctionnaires au Tchad

L'Etat a imposé des mesures d'austérité drastiques, estimant que le Trésor public n'a aucun moyen de supporter une telle masse salariale, face à un endettement à hauteur de 800 milliards FCFA (1,2 milliard d'euros) auprès des banques commerciales.

Les récentes mesures d'austérité mais aussi la montée du prix du carburant ont été les récents déclencheurs d'une grogne sociale grandissante aux allures de fronde contre le régime du président Idriss Déby Itno (au pouvoir depuis 1990).

André Kodmadjingar, correspondant à N'Djamena

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