L'Union africaine a récemment envoyé une délégation au Tchad, où les victimes du régime de l'ancien président Hissène Habré perdent l'espoir d'être indemnisées.
L'ancien président tchadien Hissène Habré est mort le 24 août au Sénégal, où il purgeait une peine de prison à perpétuité après avoir été déclaré coupable en 2016 de crimes contre l'humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement.
La délégation dépêché à N’Djamena était conduite par Tordeta Radibaye, président du conseil d’administration du Fonds d’indemnisation des victimes.
"Malgré les frustrations des victimes que nous avions longuement évoquées, nous venons aujourd‘hui de jeter la base de ce qui servira d’élément concret dans le processus d’indemnisation des victimes et donc nous concluons notre séjour d’une note très positive", a déclaré l’émissaire de l’UA.
Pour le ministre tchadien de la justice, Mahamat Ahmat Alhabo, quand on met en place un fonds fiduciaire, ça ne veut pas dire que l’argent est là dans une armoire où il faut venir se servir. Au contraire, ajoute-t-il, il faut aller chercher de l'argent et c’est maintenant que travail difficile va commencer.
"Il y a des résolutions adoptées par les chambres extraordinaires africaines qu’il faut également mettre en place pour alimenter ce fonds", précise le ministre. "Je ne voudrais pas décourager les victimes, mais on va se battre pour que même si ce n’est elles, au moins que les ayant-droit soient indemnisés et le plus tôt possible", a rassuré le ministre Alhabo.
Le chef de mission, Tordibaye Radibaye, a déclaré qu'il faut aussi inclure certaines victimes dont les noms ne figurent pas parmi les bénéficiaires.
Une autre question à résoudre est celle de la restitution qui a été ordonnée aux ex-agents de la Direction de la documentation et de la sécurité, police politique d’Hissène Habré, condamnés en 2015 par la Cour criminelle spéciale de N’Djamena. Le gouvernement, par la voix du ministre, propose de fusionner cette affaire avec celle de l'ancien président.
Il n’est pas question de cumuler les deux dossiers, estime au micro de VOA Afrique le président de l’Association des victimes de crimes et répression sous le règne d’Hissène Habré, Clément Dokot Abaïfouta.
Pour lui, le dossier de N’Djamena ne peut pas se fusionner avec celui de Dakar.
"Le gouvernement dans sa démarche de fusionner les deux dossiers, c’est comme demander au ciel de se rencontrer avec la terre et donc nous ne l’accepterons pas", a tranché Clément Dokot Abaïfouta.