Jamais un ancien locataire de la Maison Blanche n'avait été inquiété par la justice de cette façon. La perquisition de la police fédérale a-t-elle à voir avec les nombreux cartons que Donald Trump a emportés avec lui en quittant la Maison Blanche en janvier 2021?
Est-elle liée à l'enquête sur sa responsabilité dans l'assaut du Capitole? Concerne-t-elle plutôt les soupçons de fraude financière dont la Trump Organization fait l'objet à New York?
Contacté par l'AFP, le FBI n'a pas souhaité faire de commentaire.
Donald Trump, qui clame son innocence dans chacune de ces affaires et prétend faire l'objet d'une chasse aux sorcières, a vivement dénoncé la perquisition, à laquelle il n'a pas assisté, dans un communiqué. "Notre nation vit des jours sombres", a-t-il regretté, assurant que "cette perquisition non annoncée de (son) domicile n'était ni nécessaire ni appropriée".
Martyr
"Personne n'est au-dessus des lois (...) pas même un ancien président", a rétorqué mardi sur NBC la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi – qui, comme la plupart des autres ténors de son camp, appelle depuis des années à ce que l'ex-magnat de l'immobilier rende des comptes.
Au lendemain de l'opération de la police fédérale, l'élu républicain Scott Perry a annoncé que des agents du FBI avaient saisi son téléphone, sans que cet allié de Donald Trump n'en précise la raison. "Ce matin, alors que je voyageais avec ma famille, trois agents du FBI m'ont rendu visite et ont saisi mon téléphone portable", a-t-il déclaré à Fox News, dénonçant des "espèces de tactiques dignes d'une république bananière".
L'escalade judiciaire semble avoir dans le même temps cimenté l'emprise de Donald Trump sur le parti républicain, qui a fait bloc autour de l'ancien homme d'affaires – au point de l'ériger en martyr.
"Guerre civile"
Dès l'annonce de la perquisition, un groupe de partisans de Donald Trump s'est rendu devant la luxueuse résidence de l'ancien homme d'affaires pour crier leur colère. Plusieurs d'entre eux agitaient des drapeaux "Biden n'est pas mon président", énième rappel que plus d'un an et demi après la défaite de Donald Trump à l'élection, des dizaines de millions d'Américains restent fermement convaincus que la présidentielle de 2020 lui a été "volée".
Sur les réseaux sociaux, certains trumpistes appelaient purement et simplement mardi au "divorce", dans ce pays aux divisions si béantes qu'elles peuvent sembler irréconciliables. "Voilà le genre de choses qui se produisent dans des pays en guerre civile", a tancé Marjorie Taylor Greene, élue de Géorgie connue pour ses outrances, appelant même à un démantèlement du FBI. "La persécution politique DOIT CESSER!!!"
Son camp pourrait reprendre le contrôle du Congrès lors des élections législatives de novembre, qui s'annoncent périlleuses pour le camp de Joe Biden.
Tremplin pour 2024?
Dénonçant une "intolérable instrumentalisation à but politique" du ministère de la Justice, le chef des conservateurs à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a promis une enquête sur son fonctionnement si les républicains revenaient au pouvoir.
La porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre a écarté catégoriquement mardi la possibilité que Joe Biden ait été informé à l'avance de la perquisition chez son ancien (et potentiel futur) rival à l'élection présidentielle. "Le président Biden a été très clair, avant qu'il soit élu et depuis le début de son mandat, sur le fait que le ministère de la Justice conduit ses enquêtes de façon indépendante. Il croit en l'Etat de droit", a-t-elle déclaré.
Donald Trump, qui pourrait à tout moment se déclarer candidat à un nouveau mandat, a en tout cas sauté sur l'occasion pour lancer un nouvel appel à la générosité de ses partisans. "Ce n'est pas juste ma maison qui a été attaquée – c'est le domicile de chacun des Américains patriotes pour lequel je me suis battu", a-t-il plaidé dans un e-mail à ses militants, leur suggérant un don de 5 à 5.000 dollars pour combattre une "chasse aux sorcières".