Des groupes de jeunes qui lançaient des cailloux ont été repoussés dans l'après-midi par des grenades lacrymogènes et assourdissantes tirées par la police antiémeute près de la place de la Nation où était prévue la manifestation, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'immense esplanade, habituellement noire de monde, était déserte, à l'exception d'un important dispositif policier. Tous les magasins avaient tiré le rideau et personne ne pouvait approcher.
"Les policiers empêchent les gens de se rassembler et font respecter les ordres du préfet. Pour l'instant ça a l'air sous contrôle. Mais ce qui va se passer après, on n'en sait rien", a déclaré à l'AFP Bamba Diop, 30 ans, alors que des détonations étaient entendues à distance.
A la mi-journée, les policiers ont empêché M. Sonko de se rendre à la prière du vendredi, tandis que de premiers troubles étaient rapportés sur les réseaux sociaux, des jeunes qui ont incendié des pneus et attaqué du mobilier urbain sur un important axe routier de la capitale.
"Même notre liberté de culte est bafouée aujourd’hui. Les forces de l’ordre m’ont dit qu’elles ont reçu l'ordre de ne pas me laisser sortir", a dit posément M. Sonko, vêtu du boubou traditionnel pour la prière, après s'être heurté à un barrage de policiers, à qui il a dit ne pas en vouloir.
Le pouvoir cède à la "panique", avait-assuré plus tôt M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019, candidat déclaré à celle de 2024 et personnalité populaire chez les jeunes.
L'opposition a appelé à manifester vendredi après-midi contre l'invalidation d'une liste nationale de candidats aux législatives du 31 juillet, et plus largement contre le pouvoir.
Cette invalidation écarte de la compétition M. Sonko et certaines figures d'opposition.
Le préfet a interdit la manifestation en invoquant les "menaces de troubles à l'ordre public". M. Sonko et les chefs de sa coalition ont annoncé leur intention de braver l'arrêté et appelé à manifester massivement.
"La manifestation est maintenue, elle aura bel et bien lieu", a assuré à l'AFP Ousseynou Ly, porte-parole du parti de M. Sonko, le Pastef.
De nombreuses voix se sont élevées pour appeler au dialogue face au risque de violences semblables aux émeutes qui, en mars 2021, avaient fait une douzaine de morts dans le pays.