Est-ce la solution aux conflits fonciers ?
Le correspondant de la VOA Nick Long a visité l'un de ces projets agricoles, rendu possible grâce à des terres appartenant à l'épouse du président Joseph Kabila.
Nous sommes à Kirolirwe, petit village situé dans la province du Nord-Kivu. Trois fois par semaine des petits agriculteurs se mettent en équipe pour travailler un lopin de terre, mis à la disposition des paysans. Après avoir labouré le sol la semaine dernière, ils procèdent maintenant à la plantation de pommes de terre.
«Plus vite », braille le chef d'équipe tandis que les membres du groupe se motivent les uns les autres.
La Fédération des Organisations des Producteurs Agricoles du Congo (FOPAC) vient à leur aide. Elle apprend aux paysans les dernières techniques culturales et post-récoltes.
Mumbere Makuke, conseiller agricole à la FOPAC, confie à la VOA que les collines avoisinantes appartiennent à la première dame Marie-Olive Lembe Kabila. La plupart de ces terres étaient sous culture, dit-il, mais la personne qui les a vendues l'année dernière à l’épouse de M. Kabila les avait transformées en pâturage.
Mme Lembe Kabila a donné le feu vert aux petits agriculteurs de cultiver une partie de ses terres – un projet que l’épouse du président congolais a baptisé « La Ferme de l’Espoir ».
De nombreux paysans ont peu d'accès à la terre, une bonne partie ayant été acquise par des éleveurs, souvent dans des conditions douteuses. Par la même occasion, le fermage, bail rural conclu entre un propriétaire et un preneur contre un loyer annuel, a pris l’ascenseur ces dernières années.
M. Mumbere précise qu’un hectare peut coûter jusqu’à 200 dollars pour une location de quatre mois. Beaucoup d’agriculteurs louent des petits lopins de seulement 400 mètres carrés pour environ 10 dollars.
La FOPAC tente d'éviter les conflits avec les éleveurs dont le bétail dévore souvent les champs des agriculteurs.
« Nous avons décidé de creuser des fossés autour des champs afin que les animaux ne traversent pas les champs », ajoute M. Mumbere.
Même si les cultivateurs accueillent favorablement les nouvelles méthodes de culture, ils déplorent toutefois le manque de fumiers, tandis que deux tonnes de semences améliorées de pommes de terre nécessaires pour un hectare coûtent 1.600 dollars.
Josaphat Musansa, un chercheur agricole, affirme que de nombreux agriculteurs ne peuvent pas se permettre de payer un loyer, encore moins d’acheter des tonnes de semences améliorées.
M. Musansa indique que les agriculteurs sont souvent contraints de donner une part de leur récolte, généralement 20 pour cent, aux propriétaires ou gestionnaires des terres.
Toutefois, avec l’amélioration des techniques agricoles, les propriétaires fonciers ne veulent plus se contenter des 20 pour cent qu’ils perçoivent des récoltes.
D’où l’appel des agriculteurs au gouvernement congolais : il faut, disent-ils, un accès plus juste à la terre.