A un peu plus d'un mois de la date fatidique, le 29 mars, la cheffe du gouvernement conservateur, qui a rejeté jusqu'ici l'idée d'un tel report, doit discuter du Brexit avec son cabinet mardi matin avant de s'exprimer devant les députés à la mi-journée.
Theresa May tente de faire adopter par le parlement l'accord de retrait de l'UE qu'elle a négocié laborieusement avec les Européens. Mais en janvier, il avait massivement rejeté le texte, critiqué par les eurosceptiques, partisans d'une rupture franche avec l'UE, comme par les europhiles qui voudraient garder des liens étroits avec l'UE.
Trois secrétaires d'Etat, Richard Harrington (Industrie) Margot James (Digitalà et Claire Perry (Energie) ont écrit une tribune dans le quotidien Daily Mail pour "implorer" la cheffe du gouvernement d'étendre l'article 50 du Traité de l'UE, qui régit le départ d'un état membre, si aucun accord n'est adopté par le Parlement dans les temps, afin d'éviter une sortie brutale de l'UE le 29 mars.
"Cet engagement serait accueilli avec soulagement par une grande majorité de députés, d'entreprises et leurs employés", écrivent ces partisans d'un maintien dans l'UE. Faute d'un tel engagement, ils menacent de démissionner "pour empêcher un désastre".
Selon le tabloïd, 23 "dissidents" du parti se sont réunis en secret lundi soir pour définir leur stratégie et 15 membres du gouvernement seraient prêts à démissionner pour empêcher un "no deal".
Trois ministres de premier plan, celui des Entreprises Greg Clark, du Travail Amber Rudd et de la Justice David Gauke, avaient déjà plaidé au cours du week-end pour reporter la date du Brexit, plutôt que de "sortir de manière désordonnée de l'Union européenne".
Selon eux, une absence d'accord risque d'endommager "gravement" l'économie britannique et de menacer "l'intégrité" du Royaume-Uni avec le rétablissement d'une frontière terrestre en Irlande, entre le sud membre de l'UE et le nord province britannique.
- "Solution rationnelle" -
Côté UE, le président du Conseil européen Donald Tusk a estimé lundi que "compte tenu de la situation actuelle, un délai supplémentaire serait une solution rationnelle", évoquant un report de la date du Brexit lors d'une conférence de presse à Charm el Cheikh (Egypte) en marge d'un sommet UE-Ligue arabe.
Provoquant une levée de boucliers au Royaume-Uni, Mme May s'est contentée jusqu'ici de différer "d'ici au 12 mars" un vote des députés sur l'accord de retrait, afin de se donner plus de temps pour tenter de renégocier le texte avec Bruxelles avant la date butoir.
Le Parti travailliste, principal parti d'opposition, a pour sa part changé sa stratégie, annonçant lundi qu'il était prêt à soutenir au parlement un amendement proposant l'organisation d'un second référendum sur la sortie de l'UE, après celui de juin 2016, afin d'éviter le Brexit "destructeur" des conservateurs.
"Il est évident pour tout le monde que la Première ministre joue la montre", a dénoncé mardi sur la BBC Keir Starmer, chargé du Brexit au sein du Labour, estimant que Mme May attend le dernier moment afin de mettre les députés devant une seule alternative: voter son accord ou sortir sans accord.
Or le Labour s'oppose à cet accord qui prévoit que le Royaume-Uni quitte l'union douanière européenne quand lui souhaiterait y rester.
Dans le camp de Mme May, trois députés favorables à un second référendum sur le Brexit avaient démissionné la semaine dernière du Parti conservateur. Anna Soubry, Heidi Allen et Sarah Wollaston ont rejoint le "Groupe indépendant", que viennent de créer huit députés travaillistes eux-mêmes démissionnaires de leur parti.
Les trois députées avaient dénoncé les "conséquences destructrices" que fait peser le scénario d'un divorce sans accord avec l'UE sur l'économie et la société britannique.
Avec AFP