Les forces érythréennes ont commencé à se retirer de la région du Tigré, dans le nord de l'Éthiopie, a dit le ministère éthiopien des Affaires étrangères, dans une déclaration samedi.
"Les troupes érythréennes qui avaient franchi la frontière après avoir été provoquées par le TPLF ont commencé à évacuer et la Force de défense nationale éthiopienne a pris en charge la surveillance de la frontière nationale", a déclaré le ministère dans un communiqué, en référence au Front populaire de libération du Tigré.
Le retrait des soldats érythréens fait suite à des accusations selon lesquelles ils sont responsables de violations des droits de l'homme, notamment de viols, de pillages et de meurtres de civils.
Les États-Unis, l'Allemagne, la France et d'autres pays du G7 ont appelé vendredi à un retrait rapide, inconditionnel et vérifiable des soldats érythréens, suivi d'un processus politique acceptable pour tous les Éthiopiens.
Les connexions électriques et téléphoniques au Tigré sont interrompues depuis quatre jours, ce qui rend difficile la vérification de tout retrait érythréen. Les journalistes de Reuters présents dans le Tigré le mois dernier ont vu des soldats érythréens dans les grandes villes et sur les routes principales, bien au-delà de la zone frontalière.
Affrontements et embuscades
Pendant des mois, l'Érythrée et l'Éthiopie ont nié la présence de troupes érythréennes malgré des dizaines de témoignages. Le 23 mars, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a reconnu leur présence à la suite de la pression internationale croissante. L'Érythrée n'a toujours pas reconnu la présence de ses soldats en Éthiopie.
C'est début novembre que les combats ont éclaté au Tigré entre les forces du TPLF et l'armée fédérale éthiopienne. Fin novembre, le TPLF s'est retiré de la capitale régionale, Mekelle, et le gouvernement éthiopien a déclaré la victoire.
Des milliers de personnes ont été tuées dans le conflit, des centaines de milliers ont été contraintes de quitter leur foyer et la région connaît des pénuries de nourriture, d'eau et de médicaments. Le gouvernement affirme que la plupart des combats ont cessé mais qu'il y a encore des incidents isolés de tirs.
Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a déclaré cette semaine qu'il y avait "des affrontements et des embuscades signalés dans la plupart des parties de la région". Le mois dernier, une organisation humanitaire a également été témoin des conséquences d'une embuscade contre un convoi militaire et d'exécutions extrajudiciaires de civils immédiatement après sur une route principale.
Le ministère des affaires étrangères a déclaré que les organisations humanitaires avaient désormais un accès total à la région. Il a aussi annoncé qu'une enquête conjointe avec des experts externes sur les violations présumées des droits de l'homme commencerait bientôt.