Au cours de cette visite de deux jours, qui survient juste après que les rebelles du Tigré ont commencé à rendre leurs armes lourdes, Catherine Colonna et Annalena Baerbock doivent rencontrer notamment le Premier ministre éthiopien, les ministres des Affaires étrangères et de la Justice ainsi que des représentants de l'Union Africaine et des défenseurs des droits de l'Homme.
Elles ont également prévu de visiter un centre de distribution du Programme alimentaire mondial pour constater la mise en oeuvre d'un don ukrainien de 50.000 tonnes de blé à l'Ethiopie et la Somalie, dont Paris et Berlin ont financé l'acheminement à hauteur de 14 millions d'euros chacun.
Après deux ans d'une guerre fratricide qui a déplacé plus de deux millions d'Ethiopiens et plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine, l'objectif de Paris et Berlin est "de soutenir le processus de paix", a déclaré Mme Colonna sur Twitter.
Les ministres ont à cœur de porter le message de l'UE, prête à se réengager en Ethiopie à condition que le cessez-le-feu soit respecté et qu'un mécanisme de justice transitionnelle soit mis en place.
Après l'accord de paix, l'acheminement de l'aide humanitaire a repris progressivement et les services de base (électricité, banque, transport...) sont lentement restaurés. Mais des habitants et des travailleurs humanitaires de diverses parties du Tigré ont affirmé récemment à l'AFP que pillages et persécutions se poursuivaient dans la région.
Principale question en suspens: le retrait de l'armée érythréenne qui a apporté une aide décisive à l'armée éthiopienne pendant le conflit. Ce pays qui borde la frontière nord du Tigré n'était pas présent aux discussions de Pretoria où a été signé l'accord du 2 novembre.
Autre point de crispation: la partie du Tigré occidental envahie par les forces de la région éthiopienne voisine Amhara. Rattachée administrativement au Tigré, cette zone fertile est revendiquée comme "terre ancestrale" par les nationalistes amhara qui en font un casus belli.
La corne de l’Afrique et l’Ethiopie en particulier font partie des partenaires prioritaires pour l’UE, alors que la Chine avance ses pions dans la région, comme l'a illustré la visite en début de semaine à Addis Abeba du ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang.
"Nous voulons continuer de renforcer le partenariat entre l'Union Africaine et l'Europe", a affirmé Mme Baerbock, dans un tweet. Ce déplacement conjoint des deux ministres est par ailleurs un "marqueur symbolique fort", avant les célébrations le 22 janvier prochain des 60 ans du Traité de l’Elysée, scellant la réconciliation franco-allemande.
Ce n'est pas la première fois que des chefs de la diplomatie française et allemande effectuent une visite conjointe à l'étranger: il y en déjà eu beaucoup d'autres, comme en mai 2016, où Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier s'étaient rendus ensemble au Sahel.