"Cette date ne nous paraît pas réaliste au regard de tout ce qu'il y a à faire avant des élections véritablement transparentes et démocratiques", a déclaré à l'AFP Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la coalition d'opposition Dynamique pour la majorité du peuple (DMP), et seule et unique femme à s'être présentée à une élection présidentielle au Togo, en 2010.
Elle réclame notamment le "renouvellement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dont le mandat a expiré depuis mars" ainsi qu'un "nouveau découpage électoral pour une représentation équitable des populations". Surtout, elle demande des "discussions" avec le pouvoir du président Faure Gnassingbé pour "faciliter l'acceptation des résultats" et "pour faire du Togo un pays véritablement démocratique", a-t-elle ajouté.
Selon la Constitution togolaise, les élections législatives doivent se tenir dans les 30 jours suivant la fin du mandat de l'Assemblée nationale, soit fin décembre. Le président togolais, Faure Gnassingbé, avait promis fin 2022 que les élections se tiendraient en décembre 2023. Mais le gouvernement a annoncé lundi l'organisation d'élections législatives et régionales "au plus tard à la fin du premier trimestre 2024".
Le retard de calendrier fait en outre craindre à Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson un "vide institutionnel" car "le pays va se retrouver pendant trois mois avec une assemblée qui n'a aucune légalité pour légiférer au nom des Togolais et contrôler l'action du gouvernement".
Le Togo avait déjà connu une situation similaire quand les élections législatives qui devaient se tenir en octobre 2012 ont finalement eu lieu en juillet 2013. Elles avaient été reportées à plusieurs reprises, l’opposition ayant organisé de nombreuses manifestations pour exiger des réformes.
Le gouvernement s’était appuyé sur l’une des dispositions de la Constitution qui dit que "les membres de l’Assemblée nationale et du Sénat sortants, par fin de mandat ou dissolution, restent en fonction jusqu’à la prise de fonction effective de leurs successeurs".
Les dernières élections législatives et régionales ont eu lieu en 2018 et avaient été boycottées par l'opposition qui avait dénoncé des "irrégularités" dans le recensement électoral. Cette fois, l'opposition se prépare à défier le parti au pouvoir, l'Union pour la République.
Le chef de l'État est au pouvoir depuis 2005 après avoir succédé à son père, le général Eyadéma Gnassingbé qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 38 ans.
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