Donner l’opportunité aux femmes de parler de leur ressenti relève jusqu'ici du tabou. Selom Mensah vient casser les codes en publiant une balade poétique titrée "Parole aux femmes".
"J’ai eu la chance de rencontrer des femmes inspirantes au cœur brisé. Je les incite à s’exprimer tout simplement parce que quand une femme s’exprime, elle est en meilleure interaction avec la société", souligne Selom Mensah.
"Il y a des femmes qui vivent des choses très douloureuses. Que ce soient les femmes qui sont battues, que ce soient les femmes qui sont dans le processus de la perte d’un enfant", explique la poétesse.
Pour Adeline, une amoureuse de la littérature, l’œuvre "Parole aux femmes", est un bel engagement en faveur de la promotion des droits des femmes. "C’est extrêmement important pour les femmes de pouvoir s'exprimer librement. Parce qu’elles n’ont pas souvent l’occasion d’exprimer leur ressenti. Et 'Parole aux femmes', c’est justement l’occasion de pouvoir faire vivre à tout le monde les sentiments que ces femmes ont", a laissé entendre cette trentenaire, tenant fièrement son recueil de poèmes fraichement dédicacé.
L’écrivain Steve Bodjona a parcouru les 26 poèmes de ce recueil qui est une compilation de témoignages. Il a été le plus émerveillé par le poème "la divorcée".
"Très souvent lorsqu’on a de ces femmes qui vivent le divorce, il y a la société qui est toujours derrière pour en quelque sorte critiquer la femme, sans forcément chercher à savoir si elle en est la cause ou si elle en est victime, si elle vit en fait un bonheur dans son divorce que le malheur", a analysé le promoteur de la foire du livre au Togo.
"Et donc j’ai trouvé que c’est un message assez fort, assez poignant vis-à-vis de ceux-là qui pensent que quelles que soient les difficultés, il faut toujours maintenir son couple. Alors que parfois on sait que cela pourrait virer au drame", fait noter l’écrivain Bodjona.
Pour un dernier vers, Steve Bodjona une petite recommandation. "Là, on dit parole aux femmes, mais c’est un ouvrage que beaucoup d’hommes devraient lire", conseille-t-il.
Le musellement de la femme dans la société est une forme de violence, affirme sans ambigüité Tcheka Malou, président de l’association "On est ensemble".
"Empêcher les femmes de parler, c’est une forme de violence clairement. La liberté d’expression, c’est un droit qui normalement on considère à tous les êtres humains, homme et femme".
Pour lui, les sociétés africaines et particulièrement la société togolaise, excellent un peu trop dans la promotion du silence. "On est éduqué en se disant qu’on ne doit pas tout dire. Pourtant, je pense que c’est important de mettre des mots sur nos maux", a dit Tcheka Malou.
"Parole aux femmes" existe déjà sous la forme d’un documentaire, sorti en 2019.
