La réforme constitutionnelle a été approuvée au cours d’un vote à bulletin secret par les 90 députés présents (sur 91) dont les deux tiers appartiennent au parti au pouvoir, la principale coalition de l'opposition ayant boycotté les législatives de décembre.
Au Togo, un projet de révision constitutionnelle est adopté s'il est voté à la majorité des 4/5e, soit 73 députés.
Selon le nouveau texte, "le président de la République est élu au suffrage universel, libre, direct, égal et secret pour un mandat de 5 ans, renouvelable une seule fois".
"Cette disposition ne peut être modifiée que par voie référendaire", souligne le texte, précisant que les mandats déjà réalisés et celui en cours à la date d’entrée en vigueur de la nouvelle loi constitutionnelle "ne sont pas pris en compte".
Même chose pour les députés, dont le mandat est fixé à 6 ans, renouvelable deux fois. Dans l’actuelle constitution, les députés sont élus pour 5 ans mais le nombre de leurs mandats n’est pas limité.
Le texte initial prévoyait un mandat de 7 ans (renouvelable une fois) pour le président de la République, suite à une proposition d’amendement d’un député proche du pouvoir. Mais les députés du parti au pouvoir Union pour la République ont souhaité que cet amendement soit retiré après des débats houleux au sein de la classe politique.
Le nouvel article 75 donne une immunité à vie aux "anciens présidents de la République", qui ne pourront être "ni poursuivis, ni arrêtés, ni détenus, ni jugés pour les actes posés pendant leurs mandats présidentiels".
Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a succédé à son père, le général Eyadema Gnassingbé, qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 38 ans et a été réélu depuis dans des scrutins contestés par l'opposition.
La nouvelle loi instaure également un scrutin uninominal majoritaire à deux tours (contre un aujourd'hui) pour l’élection du président de la République.
Cette réforme est l'un des principaux enjeux de la crise politique qui secoue le pays d'Afrique de l'Ouest, l'opposition réclamant une limitation des mandats présidentiels qui soit rétroactive afin d'empêcher le chef de l'Etat de se représenter pour un quatrième mandat.
Pendant près de deux ans, les 14 partis unis au sein d'une coalition d'opposition ont multiplié les marches et les manifestations, sans obtenir gain de cause.
Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la coalition de l'opposition s'est dit "choquée" par cette réforme.
"Une fois encore, le régime a déçu les Togolais et définitivement. Il a montré aux Togolais que la seule chose qui le préoccupe, c’est se maintenir au pouvoir", a-t-elle déclaré à la presse jeudi à Lomé.
"Le régime se trompe avec ces réformes taillées sur mesure pour permettre au chef de l’Etat de se représenter aux prochaines élections", a dénoncé l'opposition.
François Boko, opposant au régime, qui s'est vu refuser le retour sur le sol togolais en mars dernier et assure ne toujours pas pouvoir rentrer à Lomé, rejette une "Assemblée totalement acquise à la cause du président en poste", qui permet au chef de l'Etat "de briguer 2 nouveaux mandants", a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Le gouvernement a également annoncé la tenue d'élections des conseillers municipaux le 30 juin, une première depuis plus de trente ans, le dernier scrutin local au Togo remontant à 1987.
Au total 1.527 conseillers municipaux seront élus. Les mairies togolaises sont actuellement dirigées par des "présidents de délégation spéciale" nommés par le président de la République.