Élu le 14 février 2016, il a prêté serment le 30 mars de la même année. Il préside depuis un an à la tête un pays déchiré par des violences intercommunautaires. Comment les Centrafricains apprécient-ils ces douze premiers mois à la magistrature suprême de l’État ?
Sorti vainqueur des élections de février 2016 avec 63% des voix, Faustin Archange Touadéra a hérité d’un pays fragilisé par trois années de violences armées.
Son choix à la tête du pays a redonné espoir aux Centrafricains qui craignaient une partition. Les défis étaient immenses et les promesses aussi nombreuses. Un an aujourd’hui au pouvoir, les Centrafricains apprécient diversement les actions de leur nouveau dirigeant.
"Ce n'est qu'un début, et c'est à nous à aider le président pour redresser la Centrafrique", lance un jeune homme.
Douze mois sont-ils suffisants pour évaluer la gestion dans un chef de l’Etat et surtout dans un pays qui revient de loin ? Pour Jean-Claude Mbathas, jeune cadre du KNK - parti de l’ancien président François Bozizé - des efforts ont été déployés, mais il reste beaucoup à faire.
"Le chemin est encore long et c'est difficile d'apprécier à sa juste valeur si le bilan est positif ou négatif", confie-t-il. "Au niveau social, ce n'est pas encore ça car le peuple continue de souffrir".
Le chemin est encore long et c'est difficile d'apprécier à sa juste valeur si le bilan est positif ou négatif".Jean-Claude Mbathas, jeune cadre du KNK
Plusieurs régions du pays sont encore sous contrôle des bandes armées, les tueries se poursuivent en région, la situation humanitaire est alarmante avec l’enregistrement d’au moins 100 000 nouveaux déplacés depuis le début de l’année en cours.
Malgré ce décor, le président Faustin Archange Touadéra dresse un bilan positif de sa première année à la magistrature suprême de l’Etat. Pour lui, la paix reste la priorité des priorités.
"Le chemin est encore long et le président a encore quatre années pour convaincre les Centrafricains", a martelé un collaborateur du président.
La Centrafrique doit rester à "l'agenda de la communauté internationale"
Le président Faustin-Archange Touadéra redoute que la Centrafrique ne disparaisse des préoccupations de la communauté internationale, confie-t-il à l'occasion du premier anniversaire jeudi.
"Il est important que l'on continue de maintenir la République centrafricaine dans l'agenda de la communauté internationale, surtout sur les questions humanitaires", déclare le président Touadéra lors d'un entretien avec deux médias dont l'AFP mercredi soir au palais présidentiel à Bangui, sous la surveillance de Casques bleus rwandais.
"La République centrafricaine est orpheline de l'aide humanitaire", estime ce professeur de mathématiques, qui tente de gérer un pays de 4,5 millions d'habitants dont près de la moitié dépend de l'aide internationale, et qui compte 900.000 déplacés internes ou réfugiés, d'après le Bureau pour la coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
Comme Ocha, le président s'alarme du sous-financement des programmes d'aide, alors que les besoins augmentent: "Nous avons des préoccupations dans des villes comme Kaga Bandoro, Bambari, Bocaranga, où il y a encore des déplacés en raison du conflit et du grand banditisme qui sévissent dans ces zones", explique-t-il.
Alors que le calme est revenu dans Bangui, ces villes de l'intérieur du pays subissent la rivalité entre factions rivales de l'ex-rébellion Séléka (UPC, FPRC...) ou des anti-Balakas, au détriment des civils. Des dizaines de personnes auraient ainsi été tuées par l'UPC dans trois villages près de Bambari (centre-est) la semaine dernière.
M. Touadéra demande "des facilités de décaissements pour permettre de bénéficier des soutiens qui ont été annoncés à Bruxelles". Le chef de l'Etat faisait référence à une conférence internationale des donateurs en Belgique en novembre 2016, qui a promis 2,2 milliards de dollars sur trois ans pour relever un pays classé 188e et bon dernier à l'indice du développement humain (IDH).
"Certains partenaires comme la Banque mondiale, l'Agence française de développement (AFD) et la Banque africaine de développement (BAD) ont commencé à financer des programmes prioritaires", souligne le président, qui évoque la future construction de routes dans l'intérieur et la formation de 500 policiers et gendarmes avec l'aide de la Banque mondiale et des Nations unies.