Ce document confidentiel remis aux quinze membres du Conseil de sécurité et vu lundi par l'AFP affirme aussi que le groupe Etat islamique cherche à se rapprocher des trafiquants de migrants dans le sud du pays depuis son éviction de Syrte (à 450 km à l'est de Tripoli) en 2016.
"Le trafic d'êtres humains est à la hausse en Libye, avec des violations majeures des droits de l'homme", indique le rapport de 157 pages.
Les experts font part de leur préoccupation "sur la possible utilisation d'installations et de fonds étatiques par des groupes armés et des trafiquants pour renforcer leur contrôle des routes migratoires".
Le sort des migrants, dont le nombre a décuplé depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi, a notamment été mis en lumière en 2017 par de multiples naufrages d'embarcations précaires en Méditerranée et la diffusion d'un reportage de CNN montrant un marché aux esclaves en Libye.
Le rapport cite plusieurs cas de migrants arrêtés par des agents libyens avant d'être remis contre paiement à des trafiquants d'êtres humains.
Les autorités libyennes ont créé un département de 5.000 employés pour combattre les migrations illégales (DCIM) et superviser 24 centres de détention.
"Selon des agences internationales, le DCIM n'a pas de contrôle sur les centres de détention", affirme le rapport des experts de l'ONU.
Cité dans le document, un responsable libyen reconnait que "les groupes armés sont plus forts que les autorités dans la gestion du flot des migrants".
Le groupe Etat islamique "continue d'opérer dans le centre et le sud de la Libye", indique aussi le document.
Composé principalement de combattants étrangers, le groupe jihadiste a dépêché dans le sud plusieurs représentants avec "beaucoup d'argent liquide" pour établir des contacts, notamment avec des trafiquants d'êtres humains, précise le rapport.
La Libye, où des autorités rivales ainsi que de nombreuses milices se disputent le pouvoir, a sombré dans le chaos après la chute du régime Kadhafi en octobre 2011.
"Une solution politique en Libye est hors de portée à court terme", estiment les experts. "Les dynamiques militaires et les agendas régionaux contradictoires montrent un manque d'engagement pour une solution pacifique", ajoutent-ils.
Avec AFP