C’est un esclavage moderne qui génère annuellement 150 milliards de dollars, a dit le secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui a appelé les gouvernements du monde à renforcer leur législation pour lutter contre ce phénomène.
Les Etats-Unis ont accusé lundi la Thaïlande, la Russie ou encore la Libye de ne pas lutter suffisamment contre la traite de millions d'êtres humains, dans ce rapport annuel mondial accablant sur cet "esclavage moderne", indique l'AFP.
En revanche, la Malaisie, qui avait dégringolé l'an passé en queue de peloton de ce classement mondial du département d'Etat, est remontée d'un cran cette année.
Kuala Lumpur et Bangkok, deux voisins d'Asie du Sud-Est, sont au coeur de la route du trafic des migrants musulmans Rohingya, une minorité considérée comme l'une des plus persécutées au monde et qui fuit la Birmanie.
La plupart des pays épinglés par Washington --dont l'Iran, le Venezuela, l'Algérie, la Syrie, le Yémen, la Corée du Nord et le Zimbabwe-- étaient déjà au plus bas d'un classement dressé chaque année pour 188 pays par la diplomatie américaine et dévoilé par son patron John Kerry.
Les pays relégués en catégorie 3 sont accusés de ne pas respecter les normes internationales et de ne pas faire d'"efforts importants" en matière de lutte contre la traite d'êtres humains.
La Russie figure dans cette dernière catégorie, au moins depuis 2013, ce qui avait provoqué la fureur de Moscou à l'époque.
La Chine, en revanche, était remontée d'un cran en 2014, au rang 2 "sous surveillance" et y est toujours cette année pour le rapport 2015.
Cuba, avec lequel les Etats-Unis viennent de rétablir des relations diplomatiques, est remonté cette année du rang 3 au rang 2 "sous surveillance".
La Malaisie, qui était clouée au pilori l'an passé, est cette fois félicitée pour ses "efforts importants" dans la lutte contre la traite d'êtres humains, même si elle reste une "destination et, dans une moindre mesure, une source et un point de passage pour des hommes, des femmes et des enfants victimes de travail forcé et d'exploitation sexuelle".
Ces victimes représentent la majorité des deux à quatre millions de travailleurs étrangers en Malaisie, principalement d'Asie du Sud-Est et d'Asie du Sud.
De même la Thaïlande, une alliée de Washington mais avec laquelle les relations sont tendues depuis le coup d'Etat de 2014, est "une source, une destination et un point de passage pour des hommes, femmes et enfants victimes de travail forcé et d'exploitation sexuelle", a fustigé le département d'Etat.
Bangkok reste dans la catégorie 3.
Le rapport a été bouclé avant que l'attention mondiale ne se porte sur la tragédie des migrants en Asie du Sud-Est et notamment la découverte de fosses communes en Malaisie au printemps dernier.
"Insulte à la dignité humaine"
D'après l'Organisation internationale du travail (OIT), la traite des êtres humains représente 150 milliards de dollars de bénéfices par an, dont 99 milliards pour l'industrie du sexe.
Les Etats-Unis estiment que quelque 20 millions de personnes en sont victimes et la lutte internationale contre la traite d'êtres humains et la défense des droits de l'homme sont des priorités de l'administration du président Barack Obama.
"La traite d'humains est une insulte à la dignité humaine et une attaque contre la liberté", a martelé John Kerry dans l'introduction du rapport, appelant à mener le "combat contre de l'esclavage moderne".
La plupart des pays occidentaux, ceux d'Europe, les Etats-Unis et l'Australie, mais aussi Israël, Taïwan, le Chili ou l'Arménie, sont en revanche dans la première catégorie, loués pour leur lutte contre la traite des êtres humains et le respect total des normes internationales.
Outre la Malaisie et Cuba, plusieurs autres pays ont été rehaussés d'un cran, comme l'Arabie saoudite, le Maroc, la République démocratique du Congo ou encore le Kenya et le Portugal.
En revanche, l'Egypte, le Soudan du Sud, le Ghana, le Burundi, le Bélarus et la Slovénie ont chuté d'une place dans la nomenclature mondiale du département d'Etat, rendue publique cette année avec plus d'un mois de retard.
Avec AFP