Le 30 août 2023, un coup d’État au Gabon, mettait fin au règne d'Ali Bongo Ondimba sans effusion de sang, mais avait provoqué une vague d’arrestations parmi les proches de l’ancien régime.
Depuis lors, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a tenté de mettre en place une nouvelle ère politique en organisant un dialogue national inclusif. Toutefois, les promesses initiales semblent aujourd’hui rencontrer des obstacles, notamment en ce qui concerne le transfert du pouvoir aux civils à la fin de la transition de deux ans.
Un désenchantement parmi les citoyens
Certains Gabonais expriment leur déception face à l’évolution de la situation. Firmin, un cadre d’entreprise, s’inquiète de l’abandon des promesses faites par les militaires.
"Nous constatons, pour le regretter, qu’ils [les miltaires au pouvoir, NDR) ne mettent plus l’accent sur les mobiles de leur coup de libération. Il y a encore des dérives que nous constatons dans les institutions. C’est dommage qu’après un an nous soyons à déplorer les mêmes comportements qu’on a tous décrié ici malheureusement", affirme-t-il.
L’une des principales préoccupations concerne la restriction des critères d’éligibilité à la future présidentielle et la suspension des partis politiques. Ces mesures, issues des recommandations du dialogue national, sont cependant vues d’un bon œil par certains soutiens du président de transition.
"Moi je pense qu’il a très bien agi en suspendant les partis politiques. Mais certains membres des partis politiques suspendus sont même encore dans le pouvoir actuel. Ils ont donc une mission à accomplir pour pouvoir se racheter", estime, fervent défenseur d’Oligui Nguema.
Un agenda de transition en question
Trois mois après les assises post coup d’état, la mise en œuvre des réformes institutionnelles piétinent. Malgré ces critiques, certains citoyens restent optimistes quant à l’avancement des réformes. Pour Jean Martin, tout ceci n’aura aucun péril sur l’agenda de la transition. Les autorités sont au travail. Cet habitant de Libreville souligne les efforts entrepris dans des domaines tels que l’emploi des jeunes et le versement régulier des pensions pour les retraités :
"Derrière les efforts qui sont faits pour la jeunesse sur le plan de l’emploi. Pour nos parents retraités qui ne revendiquent plus leur pension qui passe chaque mois. Sur le plan infrastructurel, les routes sont un effort concret", note-t-il.
Le dilemme de la transition
Entre réceptions onéreuses, lancement de nouveaux chantiers et critiques acerbes contre le régime déchu, le général Brice Clotaire Oligui Nguema continue de susciter des réactions mitigées. Pour beaucoup, la transition ne semble pas se concentrer sur la restauration des institutions, mais plutôt sur de nouveaux projets.
"Si on part sur la base qu’ils étaient venus pour la restauration des institutions, on voit qu’ils s’attaquent plutôt aux nouveaux chantiers. Bon, ce n’était pas pour ça qu’ils sont arrivés", souligne un Gabonais sous anonymat.
Entre la libération de plusieurs prisonniers de droits communs et politiques, ainsi que la formation d’un gouvernement composé des militaires et civils, le Général Président, OLIGU NGUEMA avait pourtant envoyé des gages d’apaisement à la communauté internationale, au lendemain de sa prise de pouvoir.
Malgré ces signaux d’ouverture, qui ont permis la levée des sanctions d’instances régionales contre le Gabon, la situation interne reste tendue. La libération de prisonniers de droit commun et de certains détenus politiques n’a pas suffi à dissiper les craintes d’une confiscation du pouvoir par les militaires.
Aujourd’hui, les putschistes sont coincés entres les demandes populaires de justice et la nécessité de préserver une image de respectabilité. Un an après, l’avenir de la transition demeure incertain. La crainte d’une confiscation du pouvoir par le CTRI l’emporte sur l’euphorie du coup d’État du 30 Aout 2023.
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