Les trois hommes sont membres perpétuels de l'académie et ne peuvent en principe en démissionner. Mais rien ne les oblige à y siéger.
Le scandale a mis au jour en novembre les relations étroites entre l'académie et "une personnalité du monde de la culture" accusée de viols et agressions sexuelles par des académiciennes, épouses d'académiciens, leurs filles et de nombreuses autres femmes.
Marié à une académicienne, l'homme au cœur du scandale dirige à Stockholm un lieu d'exposition et de performances couru des élites culturelles et en partie financé par l'académie, qui y organise des lectures des lauréats.
L'académie a ouvert une enquête interne et s'est attachée les services d'un avocat. Leurs conclusions ne sont pas connues -les académiciens sont tenus à un stricte devoir de réserve- mais selon Peter Englund, un des trois démissionnaires, l'affaire a profondément divisé.
"Avec le temps, une fissure est apparue qui ne cesse de croître", a-t-il expliqué dans un courrier au journal Aftonbladet. Selon lui, la secrétaire perpétuelle Sara Danius, qui lui a succédé en 2015, fait l'objet de critiques internes "injustifiées."
Peter Englund (fauteuil numéro 10), Klas Östergren (fauteuil numéro 11) et Kjell Espmark (fauteuil numéro 16) ont fait connaître leur décision à leurs pairs lors de la traditionnelle réunion de l'académie jeudi dans un restaurant de Stockholm.
"C'est avec une immense peine qu'après 36 ans de travail à l'académie, dont 17 en tant que président du comité Nobel, je me vois contraint de prendre cette décision", a déclaré Kjell Espmark dans une lettre à la presse.
"Dès lors que des membres éminents de l'académie placent l'amitié avant la responsabilité et l'intégrité, je ne peux plus participer à ses travaux", a-t-il ajouté.
Klas Östergren a dénoncé "une trahison du fondateur (de l'académie, le roi Gustav III en 1786, ndlr) et de son grand protecteur", l'inventeur suédois Alfred Nobel, qui a légué à l'institution une partie de sa fortune.
Pour Björn Wiman, chef des pages culturelles du quotidien de références Dagens Nyheter, ces annonces sont "une catastrophe" pour l'académie "en ruines".
Sur le plan judiciaire, le parquet de Stockholm a annoncé mi-mars qu'une partie de l'enquête ouverte contre l'homme au cœur du scandale avait été classée sans suite pour cause de prescription ou faute de preuves. Il s'agit de viols et d'agressions présumés commis en 2013 et 2015.
Avec Afp