La violence en ligne envers les femmes journalistes varie entre "des attaques à grande échelle ou des menaces extrêmes à un moment donné" et "des agressions constantes d'un niveau inférieur" sur les réseaux sociaux, constate l'Unesco dans une vaste étude publiée vendredi.
Celle-ci comprend une enquête mondiale menée auprès de 901 journalistes originaires de 125 pays étayée par 173 entretiens approfondis, 15 études de cas par pays et l'analyse de plus de 2,5 millions de messages Facebook et Twitter visant deux journalistes d'investigation, la Britannique Carole Cadwalladr et l'Americano-philippine Maria Ressa, lauréate 2021 du Prix mondial de la liberté de la presse Unesco/Guillermo Cano.
Les attaques subies par les femmes journalistes sont "soit sexistes, soit sexualisées", elles sont "très souvent axées sur des caractéristiques personnelles comme leur physique, leur origine ethnique ou culturelle plutôt que sur le contenu de leur travail", précise Saorla McCabe.
Ces cyberviolences rejaillissent aussi dans le monde physique: 20% des journalistes interrogées affirment avoir subi des agressions, injures et harcèlement hors ligne liés aux cyberattaques. Ce taux bondit à 53% pour les femmes journalistes arabes, d'après l'Unesco.
A la clé aussi, un impact sur la santé psychique pour 26% des journalistes interrogées (certaines souffrent de stress post-traumatique) et le risque d'auto-censure sur les réseaux sociaux (30% des journalistes interrogées).
D'où la question de la responsabilité des réseaux sociaux, identifiés dans l'étude comme "les principaux vecteurs" de cette cyberviolence, Facebook et Twitter étant les plus utilisés par les journalistes.
"Une plus grande transparence" sur la manière "dont ces attaques sont gérées par les processus de modération" des différentes plateformes et sur les algorithmes "serait nécessaire", conclut Saorla McCabe.