Présentant une nouvelle étude de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur les conséquences économiques du confinement lié à la pandémie de coronavirus, le directeur général de l'organisation, Guy Ryder, a déclaré aux médias qu'il fallait s'attendre à un "impact énorme en matière de pauvreté".
Figurant parmi les plus vulnérables sur le marché du travail, près de 1,6 milliard de travailleurs de l'économie informelle doivent désormais faire face "au danger immédiat de voir leurs moyens de subsistance anéantis", prévient l'OIT, précisant que la quasi-totalité travaillent dans des unités de moins de 10 salariés.
"Des millions d'entreprises à travers le monde ont du mal à tenir la tête hors de l'eau. Elles n'ont pas d'épargne ou pas d'accès au crédit. Voilà pourtant le vrai visage du monde du travail. Si nous ne leur venons pas en aide dès à présent, elles vont périr, tout simplement", a relevé M. Ryder dans un communiqué.
Selon le rapport, la part des travailleurs vivant dans des pays où la fermeture des lieux de travail est recommandée ou obligatoire a reculé de 81% à 68% au cours des deux dernières semaines, essentiellement du fait de la levée des fermetures en Chine.
Selon les estimations de l'OIT, les heures de travail dans le monde ont diminué au premier trimestre d'environ 4,5% (ce qui équivaut à environ 130 millions d'emplois à plein temps, sur la base d'une durée hebdomadaire de 48 heures) par rapport au quatrième trimestre 2019.
Au deuxième trimestre, la situation devrait s'aggraver encore en raison de la prolongation et de l'extension des mesures de confinement.
Sur cette période, l'OIT estime que le total des heures de travail dans le monde devrait être en baisse de 10,5% par rapport à celui du trimestre précédant la crise. Cela équivaut à 305 millions d'emplois à plein temps, ce qui représente une nette détérioration par rapport à la précédente estimation publiée il y a deux semaines de 195 millions.
Si la situation s'est aggravée pour toutes les régions, les estimations indiquent que les Amériques (-12,4%) et l'Europe et l'Asie centrale (-11,8% pour les deux régions) vont connaître les plus grandes pertes d'heures de travail au cours de ce deuxième trimestre.
Selon l'OIT, les secteurs les plus touchés par la paralysie de l'économie sont les services d'hébergement et de restauration, l'industrie, le commerce de gros et de détail, l'immobilier et les activités commerciales.