"Je ne regarderai pas Mueller", a-t-il réaffirmé, alors que l'ancien chef de la police fédérale (FBI), qui a enquêté pendant 22 mois sur les liens entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump pendant la présidentielle de 2016, doit témoigner mercredi en direct à la télévision.
En marge d'une visite du Premier ministre pakistanais Imran Khan à la Maison Blanche, le milliardaire républicain a repris le crédo qu'il martèle depuis la publication en avril du rapport d'enquête de Robert Mueller: "Il n'y a pas eu de collusion, ni d'obstruction".
Donald Trump, qui a toujours dénoncé une "chasse aux sorcières" orchestrée par l'opposition, est soucieux de refermer un chapitre qui a empoisonné les deux premières années de son mandat pour se tourner résolument vers sa campagne de réélection de 2020.
Mais les conclusions du procureur spécial laissent la porte entrouverte à des suites.
Dans son rapport, M. Mueller décrit les efforts de la Russie pour aider le candidat républicain, ainsi que les contacts entre des Russes et l'entourage de Donald Trump en 2016, mais il ajoute ne pas avoir trouvé de "preuves" d'une entente entre les deux parties.
Il détaille également une série de pressions troublantes exercées par le président sur son enquête et se dit, cette fois, incapable de le blanchir des soupçons d'entrave à la justice.
Les démocrates se divisent depuis sur l'opportunité de lancer une procédure de destitution au Congrès, vouée à l'échec en raison de la majorité républicaine au Sénat et qui risque d'occulter les débats de fond de la campagne présidentielle.
- "Conflits" -
En attendant de trancher, ils ont convoqué Robert Mueller devant des commissions de la Chambre des représentants dans l'espoir que son témoignage télévisé touche davantage les Américains que son rapport d'enquête, un pavé juridique aride et prudent.
"Les gens ne lisent pas un rapport de 448 pages. Je pense que quand ils vont entendre ce qu'il y a dans le rapport Mueller, nous serons en mesure d'engager la responsabilité du président", a déclaré dimanche le démocrate Jerry Nadler, qui préside la commission judiciaire de la Chambre.
M. Mueller souhaitait éviter cet exercice périlleux, estimant que son rapport "parle de lui-même".
Cet homme discret et méthodique est un habitué des auditions au Congrès --il a été entendu 88 fois en tant que chef du FBI, selon un décompte du New York Times-- et s'est spécialisé dans les réponses laconiques.
Mais l'opposition démocrate a préparé une série de questions précises dans le but de le faire dresser un portrait accablant de Donald Trump.
Comme pour se prémunir de ce risque, le président a commencé lundi à dénigrer le procureur spécial, l'accusant d'être "extrêmement partial".
Selon lui, Robert Mueller a "des conflits d'intérêt". "Il a également eu des conflits avec moi", a-t-il ajouté, sans donner de détails.
Le ministère de la Justice a en outre envoyé un courrier à M. Mueller, lui rappelant que son témoignage ne devait "pas aller au-delà" de ce qui a été écrit dans son rapport.
"Merci de noter que les passages expurgés (d'informations confidentielles) figurant dans la version publique de votre rapport ne doivent pas faire l'objet d'un témoignage", a dit le ministère à l'ancien procureur spécial, en soulignant également qu'il ne devait pas mentionner les informations liées aux personnes n'ayant pas été inculpées, pas plus que les informations "couvertes par la confidentialité des échanges".
A 74 ans, Robert Mueller jouit d'un large respect des deux côtés de l'échiquier politique et Donald Trump s'est jusqu'à présent gardé de l'attaquer trop frontalement.
Avec AFP