"Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table de négociations", a-t-il dit, avant de quitter Washington vendredi matin. La Russie avait été exclue après l'annexion de la Crimée, après 16 ans d'appartenance au groupe.
Le président américain Donald Trump a également déclaré avoir "hâte de remettre à plat les accords commerciaux injustes" conclus selon lui avec les autres pays du G7, dont il doit rencontrer les dirigeants au Canada plus tard dans la journée.
"J'ai hâte de remettre à plat les accords commerciaux injustes avec les pays du G7. Si ça ne se fait pas, on s'en sortira encore mieux", a tweeté le président peu avant son départ pour le sommet de la Malbaie au Québec, non sans avoir dénoncé une nouvelle fois le pays hôte et ses tarifs douaniers sur le lait.
Le dirigeant américain, qui a atterri au Québec, est le dernier à arriver au G7, sommet du club des sept économies les plus développées du monde, temple de la coordination multilatérale.
Et il sera le premier à quitter La Malbaie, pittoresque ville québécoise surplombant le Saint-Laurent, samedi matin pour rallier Singapour où devrait se dérouler le 12 juin le sommet historique avec Kim Jong Un.
La remarque du président américain sur la Russie a déclenché une première fissure dans le bloc européen. Le président du conseil europeén, Donald Tusk, en a rejeté l'idée lors d'un point presse à La Malbaie, reprochant par ailleurs à Donald Trump de défier l'ordre international.
>> Lire aussi : L'Otan tait ses désaccord pour se renforcer face à la Russie
Mais le nouveau président du conseil italien, Giuseppe Conte, a approuvé : "Je suis d'accord avec le président Trump : la Russie devrait revenir dans le G8. C'est de l'intérêt de tous", a écrit dans un tweet le chef du gouvernement populiste, dont c'est la première réunion internationale.
Le président américain s'est en réalité montré plus concentré sur le sommet de Singapour.
"Je partirai peut-être un peu plus tôt, ça dépend de ce qui se passe", a aussi lâché M. Trump.
Face aux six autres dirigeants du G7, il n'a visiblement aucune intention de fléchir.
"L'Union européenne nous traite très mal, le Canada, très mal", a-t-il affirmé à Washington.
>> Lire aussi : Trump face à des alliés très remontés au Canada
Sur Twitter, il a répliqué vertement au Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui avec le président français Emmanuel Macron, en visite au Canada depuis mercredi, a ouvertement critiqué le repli protectionniste de l'Américain.
"Merci de dire au Premier ministre Trudeau et au président Macron qu'ils imposent aux Etats-Unis des taxes massives et créent des barrières non-tarifaires", a-t-il tweeté.
"Quand tout sera remis à plat, nous serons de nouveau amoureux", a ironisé Donald Trump, qui ne verra que MM. Trudeau et Macron en tête-à-tête au cours de son séjour canadien.
Protéger les travailleurs américains
"Le président est à l'aise avec toutes ces questions difficiles", a déclaré Larry Kudlow, directeur du Conseil économique national. "Il y a toujours des tensions à propos de quelque chose", entre les États-Unis et les autres membres du G7.
Larry Kudlow, dans ses remarques, a nié que les Etats-Unis sont maintenant engagé dans une guerre commerciale avec ses partenaires stratégiques, ainsi que la Chine, mais que les Etats-Unis feront ce qui est nécessaire pour protéger les travailleurs et les industries américaines.
>> Lire aussi : Les tensions commerciales donnent des maux de tête aux grands patrons américains
S'exprimant devant les journalistes à Bruxelles mercredi, le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, a déclaré qu'il était trop tôt pour qualifier de guerre commerciale le différend tarifaire et a soutenu que les Etats-Unis étaient justifiés d'exiger des échanges équitables et réciproques avec leurs partenaires.
Préparant le terrain pour les discussions du G7 au Québec, Larry Kudlow avait déclaré : "le système commercial mondial est un gâchis, il est en panne". Mais, ajouta-t-il, "ne blâmez pas Trump, blâmez les nations qui ont rompu avec ces conditions".
Il est maintenant clair que les Etats-Unis et les autres pays du G7 "ne chantent plus du même hymne" et que cela a de sérieuses conséquences pour l'ordre commercial mondial, a déclaré Lynn Fischer Fox, une ancienne sous-secrétaire adjointe du Département du commerce des États-Unis.
Fischer Fox, qui a mené des négociations pour un certain nombre de différends en matière de recours commerciaux pendant l'administration de l'ancien président Barack Obama, décrit l'approche du commerce de Trump comme imprévisible et capable de boulverser l'ordre établi.
Interrogé par VOA News pour savoir si l'administration respectera les décisions de l'Organisation mondiale du commerce déposées contre les Etats-Unis sur les tarifs récemment imposés par Trump, Kudlow a répondu : "Nous sommes plus liés par les intérêts nationaux que par toute autre chose afin de déterminer la politique américaine. "
Bien qu'il y ait eu des tensions entre les États-Unis et d'autres dirigeants du G7 sur des questions stratégiques, comme le placement d'armes nucléaires en Europe et la guerre en Irak, cette faille semble beaucoup plus fondamentale, selon certains analystes.
Règles internationales
Les Etats-Unis ont toujours suivi les règles internationales, a déclaré Fischer Fox à VOA News. "Et nous avons confronté d'autres nations qui utilisent ce genre de tactique de sabotage ou de prise d'otages, pour essayer d'obtenir ce qu'ils veulent du système international, en dehors des règles", dit-elle.
Fischer Fox affirme : "violer les règles ne vous donne pas un moyen de négocier autour des règles, si elles (l'administration Trump) veulent négocier des règles différentes, c'est ce qu'elles devraient mettre sur la table."
Les dirigeants des autres pays n'ont pas d'autre choix politique que de se confronter à Trump, a déclaré Kirkegaard du Peterson Institute à VOA News.
"Si vous ne sanctionnez pas un président américain qui se comporte ainsi, tous les présidents et tous les membres de l'administration penseront à l'avenir qu'ils peuvent facilement jouer avec les politiques commerciales" a déclaré M. Kirkegaard.
Jonathan Adelman, professeur d'affaires internationales à l'Université de Denver, a déclaré que la réunion du G7 peut être utile et qu'il est possible que ses membres progressent dans des discussions à huit-clos.
"Lorsque les portes seront closes et que les médias ne sont plus là, il est tout à fait possible que des négociations raisonnables et rationnelles aient lieu" a déclaré Adelman à VOA.
Front européen
Justin Trudeau a commencé à accueillir ses homologues à partir de 11h45 (15h45 GMT).
Les quatre Européens -Emmanuel Macron, Angela Merkel, Theresa May et Giuseppe Conte- se sont réunis juste avant le début du G7, pour créer un front uni contre la politique commerciale unilatérale de Washington.
S'exprimant mercredi au Bundestag, Merkel a averti que les pays du G7 "ne doivent pas continuer à diluer" les conclusions précédentes du sommet engageant le groupe à un commerce multilatéral équitable et rejetant le protectionnisme.
"Il ne doit pas y avoir de compromis simplement pour un compromis", a déclaré Mme Merkel. "Je suis convaincu que l'Europe conservera et maintiendra son unité", a affirmé pour sa part Emmanuel Macron.
Mais sur la question du commerce, reste à savoir jusqu'où iront le Japon, qui tente par ailleurs de ne pas être marginalisé dans les négociations entre Washington et la Corée du Nord, ainsi que le nouveau gouvernement italien populiste et l'Allemagne, plus exposées aux représailles commerciales que d'autres Européens.