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Trump met sous pression les Européens sur la question des étrangers de l'EI


Le président Donald Trump lors d'un point de presse au jardin Rose de la Maison Blanche, Washington, 25 janvier 2019.
Le président Donald Trump lors d'un point de presse au jardin Rose de la Maison Blanche, Washington, 25 janvier 2019.

Le président américain Donald Trump a exhorté les pays européens à rapatrier leurs ressortissants retenus en Syrie après avoir rallié le groupe Etat islamique, alors que le "califat" de l'EI devrait rendre prochainement son dernier souffle dans le réduit de Baghouz (est).

Ils sont Français, Allemands, Irlandais, Italiens, Britanniques ou encore Canadiens. Ces dernières années, des centaines d'étrangers ont été arrêtés par l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) au fil des batailles menées contre l'EI en Syrie.

Aujourd'hui, ces combats touchent à leur fin et dans l'est du pays, quelques jihadistes se retrouvent pris au piège dans une poche de moins d'un-demi kilomètre carré dans le village de Baghouz.

Mais l'offensive "finale" des FDS dans cette région frontalière de l'Irak piétine, malgré le soutien de la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington.

Aux abords de Baghouz, une équipe de l'AFP a pu entendre des tirs au mortier menés, selon les FDS, par les forces de la coalition. Des coups de feu crépitent par moment tandis que le vrombissement des avions retentit dans le ciel.

Perché sur le toit d'une maison proche du front, le combattant Sheldar Hassakeh explique à l'AFP que la fréquence radio utilisée par les talkies-walkies des jihadistes s'est tue.

"Leur zone de contrôle est vraiment réduite et ils n'ont plus autant de talkies-walkies. Ils ne se parlent plus autant", précise-t-il.

Ce combattant des FDS à la carrure baraquée raconte que les jihadistes échangeaient en langage codé: "Pour demander des munitions, ils disaient, vous avez cinq caisses de tomates".

- Retour en Europe? -

Si les jihadistes sont mis en déroute, l'épineux dossier des étrangers de l'EI retenus par les forces kurdes n'est toujours pas tranché. Les hommes sont en prison, les femmes et les enfants dans des camps de déplacés.

Via Twitter, le président Trump s'est lancé dans une diatribe contre les puissances européennes qui tergiversent.

"Les Etats-Unis demandent à la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et aux autres alliés européens de reprendre plus de 800 combattants de l'EI que nous avons capturés en Syrie afin de les traduire en justice", a-t-il martelé, dans la nuit de samedi à dimanche.

"Il n'y a pas d'alternative car nous serions forcés de les libérer. Les Etats-Unis ne veulent pas que ces combattants de l'EI se répandent en Europe", a-t-il prévenu.

L'administration semi-autonome kurde, qui gère des territoires dans le nord de la Syrie en guerre, refuse de juger les étrangers et veut les renvoyer vers leurs pays d'origine. Mais les puissances occidentales se montrent réticentes face à l'hostilité d'une partie de leurs opinions publiques.

- "Judiciarisés et incarcérés" -

Paris, Bruxelles et Berlin ont réagi dimanche aux propos du président américain.

"Ce sont les Kurdes qui les détiennent (les jihadistes français, ndlr) et nous avons toute confiance dans leur capacité à les maintenir" en détention, a répliqué sur BFMTV le secrétaire d'Etat français à l'Intérieur Laurent Nuñez.

"Quoi qu'il en soit, si ces individus reviennent sur le territoire national, ils seront tous judiciarisés et incarcérés", a-t-il ajouté.

Après sa réticence initiale, Paris semble envisager le retour de ces ressortissants. Une source proche du dossier en France a évoqué le cas de 150 Français, dont 90 mineurs.

En Belgique, le ministre de la Justice, Koen Geens, a réclamé une "solution européenne", appelant à "réfléchir tranquillement et regarder ce qui comporte le moins de risques sécuritaires".

"Nous avons actuellement dans le nord de la Syrie surtout des mères et des enfants, mais également quelques combattants qui sont connus", a-t-il précisé sur la chaîne publique flamande VRT.

En Allemagne, des sources au ministère des Affaires étrangères ont indiqué que Berlin examinait "des options pour permettre aux ressortissants allemands de quitter la Syrie, en particulier les cas humanitaires".

- Victoire imminente -

Le sujet est d'autant plus sensible que M. Trump s'est engagé en décembre à retirer les quelques 2.000 militaires américains déployés en Syrie. Ce désengagement, et la menace d'une offensive turque contre les forces kurdes, font craindre un chaos sécuritaire dont bénéficierait l'EI.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de régions en Syrie et en Irak, l'EI avait proclamé un "califat" sur un territoire vaste comme la Grande-Bretagne.

Les jihadistes y avaient établi leur propre administration, exécutant et torturant ceux qui ne respectaient pas leur loi et fomentant des attentats meurtriers y compris à l'étranger.

Désormais, à Baghouz, les combattants de l'EI sont retranchés dans des tunnels au milieu d'un océan de mines et empêchent les civils de sortir.

"Cela fait deux jours que personne n'est sorti", a indiqué à l'AFP un combattant des FDS.

Depuis début décembre, près de 40.000 personnes ont fui le secteur, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Parmi eux, principalement des familles de jihadistes, selon la même source.

La bataille anti-EI représente aujourd'hui le principal front de la guerre en Syrie qui a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés depuis 2011.

Mais les jihadistes sont aussi dispersés dans le vaste désert central de la badiya et revendiquent des attaques parfois meurtrières menées par des "cellules dormantes" dans les régions contrôlées par les FDS.

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