Les deux tiers (65%) des électeurs ont une opinion défavorable du milliardaire républicain, un quart (24%) seulement en ont une opinion favorable, selon un récent sondage Wall Street Journal/NBC. Hillary Clinton est à 56% d'opinions défavorables et 32% d'opinions favorables, selon ce sondage. Une autre enquête d'opinion CNN mercredi les situait respectivement à 56% et 49% d'impopularité.
"Historiquement, nous n'avons jamais vu ça", explique à l'AFP Jeanne Zaino, experte politique du Iona College. "Qu'il y en ait un (d'impopulaire) c'est une chose", mais là "ce sont les deux".
Donald Trump, 69 ans, outsider imprévisible qui n'a jamais exercé le moindre mandat électif, a hérissé une bonne partie de l'électorat avec ses propos sur les femmes, les Mexicains, les musulmans.
Hillary Clinton, 68 ans, très expérimentée et très prudente, peine de son côté à obtenir la confiance de nombreux électeurs qui peinent à la cerner.
Comment sont-ils devenus les candidats probables des partis ?
"De par la façon dont nous sélectionnons les candidats", explique Robert Shapiro, expert de l'université Columbia à New York.
En 2012, environ 16% seulement des Américains en âge de voter avaient participé aux primaires. "Ceux qui se déplacent sont plus des militants ou des extrémistes", dit-il. Ce n'est pas l'Américain ordinaire.
Vu les 17 candidats républicains qui s'étaient lancés dans la primaire, il n'a fallu à Donald Trump que les voix "d'un tout petit segment de l'électorat américain" pour devenir le candidat probable du parti républicain, ajoute-t-il.
- Opinions très tranchées -
Hillary Clinton a, elle, profité du fait qu'elle n'avait pas de concurrent exception faite de Bernie Sanders. "Les autres candidats démocrates capables ont décidé de ne pas se lancer dans la course, car c'était une mauvaise année pour un démocrate pour se présenter à la Maison Blanche", dit-il aussi, évoquant l'impopularité de l'administration Obama.
Si Donald Trump et Hillary Clinton sont impopulaires, c'est notamment parce qu'"ils sont tellement connus", explique aussi Jeanne Zaino. "Les gens ont une opinion très tranchée des deux côtés".
Car de leur vie, de leurs réussites et de leur faiblesses, les Américains n'ignorent rien.
Mme Clinton, qui rêve d'être la première femme présidente des Etats-Unis, est dans la vie publique depuis plus de 20 ans: Première dame quand son mari Bill était président (1993-2001), sénatrice de New York (2001-2009), puis secrétaire d'Etat (2009-2013).
Donald Trump est célèbre depuis des années pour sa fortune, ses gratte-ciels, ses deux divorces et pour l'émission de télé-réalité "The Apprentice", qu'il a animée pendant plus de 10 ans.
"Beaucoup de démocrates ont l'impression que le parti démocrate est devenu le parti des Clinton et cela ne leur plaît pas", explique aussi Sam Abrams, expert du Sarah Lawrence College.
"Beaucoup de mes étudiants n'ont jamais connu une période durant laquelle un Clinton ou un Bush n'était pas président ou ne dominait pas la vie politique nationale".
D'où une aspiration à autre chose, notamment chez les jeunes qui préfèrent largement Bernie Sanders, 74 ans, à Mme Clinton.
Et alors que les trois quarts des Américains se disent déçus de leurs hommes politiques, d'où l'émergence d'outsiders, la violence de la campagne n'a pas aidé à redorer le blason des candidats les plus en vue.
Avant de jeter l'éponge mardi soir, le républicain Ted Cruz a encore accusé son rival d'être un "coureur de jupons", un "menteur pathologique" et un "narcissique".
Bernie Sanders continue, lui, à dénoncer les liens d'Hillary Clinton avec Wall Street et ses discours payés des centaines de milliers de dollars.
La bataille entre Clinton et Trump risque d'être brutale.
Mais tout cela comptera peu le jour de l'élection présidentielle.
Car les Américains iront voter d'abord contre le camp adverse: 51% des démocrates qui voteront Clinton le feront pour faire barrage à Trump, 48% seulement pour soutenir leur candidate. Et 57% des républicains voteront Trump pour contrer Mme Clinton, 43% seulement pour soutenir le milliardaire, selon le sondage CNN.
Avec AFP