"Il n'y a pas de nécessité politique de garder le Canada dans un nouvel accord Aléna. Si nous ne concluons pas un bon accord après des décennies d'abus, le Canada sera en dehors", a-t-il affirmé dans une série de messages sur Twitter.
"Nous concluons un nouvel accord ou nous revenons à l'avant-Aléna", a-t-il ajouté. Il a également menacé de "simplement mettre fin à tout l'Aléna" si le Congrès, acquis au libre-échange, s'ingérait dans le dossier.
Le président américain maintient ainsi sa ligne dure alors que les négociations avec Ottawa doivent reprendre mercredi prochain à Washington.
Les Etats-Unis ont conclu en début de semaine un accord séparé avec le Mexique pour rénover l'accord de libre-échange qui lie les trois pays d'Amérique du Nord et que Donald Trump juge injuste. Washington et Ottawa cherchent maintenant un terrain d'entente pour que le Canada puisse s'y associer.
- Couac -
Vendredi, au moment même où un accord se profilait, la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland avait brutalement mis fin aux discussions avec le représentant américain au commerce Robert Lighthizer en raison de propos désobligeants tenus par le président américain.
Le locataire de la Maison Blanche s'était vanté informellement auprès de journalistes que son administration ne faisait aucun compromis avec Ottawa et qu'un accord potentiel se ferait "uniquement à nos conditions".
Bien que les négociateurs américains et canadiens aient fait mine d'ignorer ce couac, préférant faire état de "discussions fructueuses", de "progrès" et de nouvelles tractations programmées pour mercredi, le ton résolument hostile de Donald Trump pollue pour le moins ces délicates discussions.
La reprise des négociations se fera dans un climat d'autant moins serein que le locataire de la Maison Blanche continue sa guerre commerciale tous azimuts et ne montre aucun signe d'apaisement y compris avec ses alliés historiques.
Cette semaine, il n'a ainsi pas hésité à fragiliser un compromis précaire trouvé le mois dernier avec Bruxelles.
Avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, ils se sont engagés fin juillet à "travailler ensemble à l'élimination des droits de douane, des barrières non tarifaires" mais en excluant alors le secteur automobile.
Un "groupe de travail" est actuellement chargé de travailler à la faisabilité et aux contours de cet accord.
Dans un geste de bonne volonté jeudi, Mme Malmström, la commissaire européenne au Commerce, a indiqué que l'Union européenne était prête à réduire à zéro les droits de douane même sur les automobiles si les Etats-Unis faisaient de même.
"Ce n'est pas suffisant", a battu froid le président américain dans un entretien accordé à l'agence Bloomberg News. "Leurs consommateurs ont l'habitude d'acheter leurs voitures, pas d'acheter nos voitures", a-t-il déploré, irrité de voir des Mercedes dans les rues de New York.
Surtout, il souhaite mettre en oeuvre une nouvelle salve de taxes douanières contre la Chine qui pourrait intervenir dès jeudi, minuit.
Pour punir Pékin qu'il accuse de pratiques commerciales "déloyales" et de "vol de propriété intellectuelle", Washington impose actuellement des barrières douanières de 25% sur 50 milliards de dollars de marchandises chinoises.
- Accentuer la pression -
Le géant asiatique a rétorqué à l'identique. Mais l'administration américaine a déjà prévenu qu'une nouvelle vague portant sur 200 milliards de dollars d'importations chinoises pourrait intervenir en septembre.
Selon l'agence Bloomberg, qui se base sur plusieurs sources proches du dossier, Donald Trump pourrait le faire à l'issue de la période de consultations publiques.
Pour l'administration Trump, qui a déclenché les hostilités, l'objectif reste d'accentuer la pression sur Pékin pour l'amener à réduire son colossal excédent commercial avec les Etats-Unis (plus de 375 milliards de dollars en 2017).
Donald Trump a même menacé de cibler la totalité des quelque 505 milliards de dollars de marchandises que les États-Unis importent de Chine.
Mais les Etats-Unis pourraient avoir bien plus à perdre avec le Canada, leur principal marché, a fait valoir Chrystia Freeland.
Pour Washington, le voisin nord-américain est en effet "plus important que la Chine, le Japon et le Royaume-Uni réunis", a-t-elle argué. "Plus de 2 milliards de dollars d'activité sont générés chaque jour".
"Je sais que les deux parties comprennent" l'importance de l'Aléna, a-t-elle poursuivi. La tâche des négociateurs canadiens est de trouver des solutions gagnant-gagnant.
Avec AFP