"Je le dis sans peur. Je suis là pour déboulonner le système dictatorial qui était en place," a affirmé le nouveau président congolais lors d’une conférence au Council on Foreign Relations, un atelier de réflexion sur la politique étrangère, à Washington D.C.
Elu avec 38,5%, le nouveau président congolais dirigera en fait, avec en face de lui, une majorité parlementaire (nationale et au niveau local) constituée de près 90% des membres de la coalition politique de son prédécesseur, M. Kabila.
La même majorité contrôle, avec la même proportion, le nouveau Sénat et devrait aussi avoir la main mise sur l’administration des provinces car les gouverneurs et les vice-gouverneurs sont élus au niveau des assemblées locales déjà dominées par le même groupe.
M. Tshisekedi, qui effectue depuis le 2 avril sa première visite officielle aux Etats-Unis, a sollicité l’appui de Washington pour arriver à bon port dans cette entreprise.
"Ma présence ici interpelle les Etats-Unis à nous accompagner dans cette belle aventure et le plus longtemps possible. Sans cet appui, nous aurons des difficultés à nous en sortir," a martelé M. Tshisekedi.
Il a accusé le régime précèdent d’avoir "retardé le pays avec la corruption, la gabegie et l’impunité"… "devenues endémiques au pays", a-t-il déploré.
Le président congolais a cependant prévenu qu’il n’entendait pas opérer des changements brutaux pour éviter des troubles dans le pays.
Menace islamiste
La menace islamiste constitue, l’autre objet de la demande de l’appui de M. Tshisekedi à Washington.
M. Tshisekedi a expliqué avoir compris une fois au pouvoir que la partie est de son pays est sous une menace permanente des groupes armés islamistes.
Pour lui, après la défaite de Daesh (groupe Etat islamique) et d’Al-Qaida au Moyen orient, et d’autres groupes du genre dans d’autres parties du continent africain, les islamistes tentent de s’installer en RDC et d’exploiter illégalement les richesses minières congolaises pour financer leurs activités.
Le nouveau Chef de l’Etat de la RDC a, à l'occasion, annoncé qu’il inscrira son pays dans l’Organisation de la lutte contre le terrorisme.
Sanctions contre la Céni
"C’est une erreur de stratégie," a dit M. Tshisekedi pour qualifier les sanctions de l’administration américaine contre les dirigeants de la Commission électoral nationale indépendante (Céni).
Pour lui, la Céni a accompli un travail appréciable quoi qu’imparfait.
Le Trésor américain a gelé les avoirs du président de la Ceni, Corneille Nangaa, son vice-président Norbert Basengezy, et son Conseiller Marcellin Basengezy (fils du vice-président) pour des faits de corruptions et détournements. Ces personnalités sont interdites de toute transaction avec les Américains, et de mettre pieds sur le sol américain; avec eux, le président la Cour constitutionnelle.
"Je ne dis pas que ces sanctions sont inutiles, mais je me demande à quoi elles servent," a indiqué M. Tshisekedi en insistant être contre l’impunité.
Pour lui, l’équipe dirigeante de la Céni est à la fin de son mandat et partira dès juin prochain.