"Selon des informations sûres et des investigations toujours en cours (...) le président de la République et l'institution présidentielle sont la cible de menaces sérieuses", a indiqué à la presse Fadhila Khelifi, porte-parole du ministère. Selon elle, les autorités ont mis au jour "un plan impliquant des parties intérieure et extérieure ciblant la sûreté du président", dans le but de "porter atteinte à la sûreté de l'Etat et créer le chaos".
Elle n'a pas fourni davantage de précisions sur le plan en question où les parties qui en seraient à l'origine.
Ahmed Nejib Chebbi, chef d'une coalition de partis d'opposition, s'est montré dubitatif face à cette annonce du ministère de l'Intérieur. "C'est pour justifier de nouvelles arrestations et pour se venger de ses adversaires", a-t-il dit à l'AFP. "Le président est politiquement isolé et cherche à susciter une certaine sympathie au sein de la population à son endroit."
Le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire du président Saied, a pour sa part dénoncé par la voix de son porte-parole Imed Khemiri "une mise en scène" visant à détourner l'attention de la crise politique. Ennahdha a aussi apporté son soutien à son ex-président et ancien Premier ministre Hamadi Jebali, arrêté jeudi en lien pour des soupçons de blanchiment d'argent.
Le ministère de l'Intérieur a affirmé vendredi que l'arrestation de M. Jebali, démissionnaire d'Ennahdha depuis 2014, était liée à une affaire de transfert d'importantes sommes d'argent de l'étranger au profit d'une association caritative.
"C'est un règlement de comptes visant les adversaires politiques", a affirmé M. Khemiri, le porte-parole d'Ennahdha. Selon lui, M. Jebali a entamé une grève de la faim pour dénoncer son arrestation "sans fondement".
La Tunisie traverse une profonde crise politique depuis le coup de force de M. Saied le 25 juillet 2021. Le président avait alors suspendu le Parlement et limogé le gouvernement, faisant vaciller la balbutiante démocratie dans le pays berceau du Printemps arabe.
M. Saied se trouve sous le feu d'intenses critiques de l'opposition pour l'avoir exclue d'un dialogue national sur une nouvelle Constitution qu'il prévoit de soumettre à référendum le 25 juillet. L'opposition dont notamment Ennahdha ainsi que des organisations de défense des droits humains l'accusent de chercher à faire adopter un texte taillé sur mesure pour lui.