M. Ghannouchi, 81 ans, également chef du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, a reçu une convocation jeudi par la justice "pour l'interroger sur la tenue d'une plénière mercredi", a indiqué vendredi à l'AFP, Imed Khemiri, député et porte-parole d'Ennahdha.
La justice l'accuse "d'avoir comploté contre la sûreté de l'Etat, ce qui est un précédent dangereux", a ajouté M. Khemiri, lui aussi convoqué pour les mêmes raisons. Le député n'était pas en mesure d'indiquer par quel tribunal M. Ghannouchi a été convoqué.
Mercredi, le président Saied a annoncé la dissolution du Parlement, huit mois après l'avoir suspendu pour s'arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021. Cette décision a été prise quelques heures après la tenue d'une réunion virtuelle de 120 députés, à l'appel d'une instance de direction du Parlement, bravant la suspension des activités de l'assemblée.
Pendant la plénière lors de laquelle M. Ghannouchi était absent, 116 députés ont voté pour annuler les mesures exceptionnelles prises par M. Saied qui bloquent, selon eux, le processus démocratique et instaurent un pouvoir autoritaire dans le pays.
Les députés, dont des élus d'Ennahdha et des indépendants, ont appelé en outre à l'organisation d'élections législatives et présidentielle anticipées pour sortir de la crise politique et socio-économique.
M. Saied a qualifié cette réunion de "tentative de coup d'Etat, qui a échoué". Il a accusé les participants de "comploter contre la sécurité de l'Etat" et demandé à la ministre de la Justice, Leila Jaffel, d'engager des poursuites à leur encontre.
Jeudi, une enquête judiciaire a été ouverte contre les députés ayant participé à la séance en ligne, a-t-on appris auprès du ministère de la Justice. Plus de 30 députés ont reçu une convocation de la brigade antiterroriste, selon M. Ghannouchi qui a, dans un entretien avec l'AFP, exprimé son rejet de la dissolution du Parlement.
"Cette décision est nulle et non avenue et elle est contraire à la Constitution. Elle s'inscrit dans la continuité des décisions prises depuis le 25 juillet que nous avons rejetées et considérées comme un coup d'Etat", a-t-il dit.