Emna Charki, 27 ans, a été reconnue coupable d'atteinte à la religion et d'incitation à la haine après avoir partagé le 4 mai sur le réseau social une publication intitulée "sourate corona".
"Il n'y a pas de différence entre rois et esclaves, suivez la science et laissez les traditions", peut-on lire dans le texte à la conclusion ironique "ainsi parle le grand Jilou", un nom de divinité inventé.
Elle a été convoquée dès le 5 mai par la police, inculpée le lendemain pour "atteinte au sacré", "atteinte aux bonnes moeurs et incitation à la violence", et laissée libre durant le procès.
Elle a trois semaines pour faire appel, a précisé le tribunal de Tunis.
Amnesty international avait appelé fin mai les autorités tunisiennes à abandonner les poursuites dans cette affaire, qui illustre selon l'ONG la poursuite des atteintes à la liberté d'expression dans la jeune démocratie tunisienne.
Cette internaute risque "une peine de prison pouvant aller jusqu'à trois ans simplement pour avoir partagé un message satirique sur Facebook", avait souligné Amna Guellali, responsable régionale d'Amnesty international.
"Un tel procès envoie le message que toute personne osant exprimer une opinion controversée sur les réseaux sociaux risque d'être punie," avait déploré Amnesty, appelant à protéger Emna Charki après des menaces "inquiétantes" de "mort et de viol".
La jeune femme est poursuivie en vertu de l'article 6 de la Constitution qui stipule que "l'État protège la religion".
La loi fondamentale votée en 2014 dans le sillage de la révolution et fruit d'un compromis historique, prévoit que l'Etat "garantit la liberté de croyance, de conscience" tout en s'engageant à "protéger le sacré et empêcher qu'on y porte atteinte".