Les forces russes ont continué à bombarder jeudi matin le nord-est de l'Ukraine, tuant au moins 5 personnes selon Kiev, quelques heures avant une rencontre entre les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres dans l'ouest du pays.
A Lviv, les trois hommes doivent notamment discuter du récent accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, "du besoin d'une solution politique" au conflit et de la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia, a précisé le porte-parole de l'ONU Stephane Dujarric.
Jeudi matin, l'armée russe a assuré jeudi n'avoir pas déployé "d'armes lourdes" dans et autour de la centrale nucléaire, la plus grande d'Europe, située dans le sud et dont le sort inquiète. Occupée depuis début mars par l'armée russe, elle est visée par des bombardements dont Moscou et Kiev s'accusent mutuellement.
Les combats se poursuivent pendant ce temps dans la région de Kharkiv (nord-est), où les autorités ont accusé les forces russes d'avoir bombardé des quartiers résidentiels et tué 5 personnes jeudi matin, après 7 mercredi soir.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, des bombardements russes sur des immeubles résidentiels ont fait trois morts et 18 blessés à Kharkiv, et deux autres morts dans la ville de Krasnograd, à environ 80 km au sud, selon les services de secours et le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov.
La veille au soir, selon Kiev, un missile russe a touché un immeuble résidentiel de trois étages de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine. Son maire, Igor Terekhov, y a recensé "sept morts et dix-sept blessés". M. Zelensky avait dénoncé plus tôt une "attaque ignoble et cynique".
Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe, Kharkiv est régulièrement pilonnée par l'armée russe, qui n'a jamais réussi à s'en emparer. Des centaines de civils ont été tués dans cette région, selon les autorités.
Sur le front diplomatique, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres est arrivé mercredi en Ukraine, a annoncé dans la soirée M. Zelensky.
"Nous travaillerons ensemble pour parvenir aux résultats nécessaires pour l'Ukraine", a ajouté le président ukrainien, qui réclame plus d'aide financière et matérielle pour son pays et des sanctions plus sévères envers Moscou.
La rencontre Zelensky-Erdogen-Guterres intervient alors que les tractations se multiplient, avec la Turquie en médiateur entre la Russie et l'Ukraine, pour permettre l'exportation de céréales malgré le conflit.
Début août, le chef de l'Etat turc est allé évoquer le sujet avec le président russe Vladimir Poutine à Sotchi (Russie), sur les rives de la mer Noire.
Vendredi, M. Guterres prévoit d'aller à Odessa, un des trois ports utilisés dans le cadre de l'accord d'exportation de céréales, puis en Turquie pour visiter le Centre de coordination conjointe (CCC) chargé de superviser cet accord.
Selon les Nations Unies, entre le 1er et le 15 août, 21 vraquiers ont été autorisés à prendre la mer. Ils transportaient au total 563.317 tonnes de matières premières agricoles, dont 451.481 tonnes de maïs.
Mais le premier navire humanitaire affrété par l'ONU, chargé de 23.000 tonnes de blé, a quitté l'Ukraine seulement mardi en direction de l'Ethiopie dans le cadre de cet accord conclu en juillet sous l'égide de l'ONU avec une médiation turque.
L'Ukraine et la Russie comptent parmi les plus gros exportateurs mondiaux de céréales, qui connaissent une flambée des cours depuis l'invasion russe le 24 février.
Selon le Programme alimentaire mondial, un nombre record de 345 millions de personnes dans 82 pays sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, tandis que jusqu'à 50 millions de personnes dans 45 pays risquent de sombrer dans la famine sans aide humanitaire.
- Inquiétude nucléaire -
Dans le sud, la situation restait tendue autour de Zaporijjia.
Jeudi, l'armée russe a assuré jeudi n'avoir pas déployé "d'armes lourdes" dans et autour de la centrale nucléaire, comme Kiev l'en accuse. "Seules des unités assurant la sécurité se trouvent là-bas", a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
L'Ukraine accuse également Moscou d'utiliser la centrale comme base de tir sur les positions ukrainiennes, ce que la Russie dément.
Moscou accuse de son côté Kiev de vouloir tirer avec son artillerie sur la centrale pour ensuite accuser la Russie d'avoir causé un accident nucléaire.
"Les forces armées russes prennent toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia", a ajouté le ministère russe, en accusant Kiev de vouloir préparer jeudi "une provocation retentissante" sur place à l'occasion de la visite d'Antonio Guterres en Ukraine.
Jeudi dernier, M. Guterres et les Etats-Unis avaient appelé à la mise en place d’une zone démilitarisée autour de la centrale pour garantir la sécurité du site et permettre une mission d’inspection.
Depuis fin juillet, la Russie et l'Ukraine se rejettent la responsabilité de plusieurs bombardements qui ont touché la centrale nucléaire.
L'Ukraine doit se préparer à "tous les scénarios", a averti mercredi le ministre ukrainien de l'Intérieur.
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a jugé mercredi "urgent" qu'une "inspection" de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ait lieu à la centrale.
L'occupation du site par les soldats russes "constitue une grave menace pour sa sécurité et augmente les risques d'accident ou d'incident nucléaire (...) Il est urgent d'autoriser une inspection de l'AIEA et d'obtenir le retrait de toutes les forces russes", a estimé M. Stoltenberg, lors d'une conférence de presse en Belgique.