Ces troupes s'ajoutent aux 8.500 militaires placés en état d'alerte fin janvier par le président Joe Biden pour être déployés dans la force de réaction rapide de l'Otan en cas de besoin.
"Ces mouvements sont un message sans ambiguïté que nous adressons au monde pour montrer que nous sommes prêts à rassurer nos alliés de l'Otan et déterminés à les défendre contre toute agression", a déclaré le porte-parole du ministère américain de la Défense John Kirby devant la presse.
Pour autant, il ne s'agit que de renforcer le "flanc oriental" de l'Alliance atlantique et de rassurer les pays frontaliers de l'Otan, qui craignent un élargissement à leur territoire d'une éventuelle invasion russe de l'Ukraine.
"Ces forces ne vont pas se battre en Ukraine", qui n'appartient pas à l'Otan, a précisé John Kirby, soulignant qu'il s'agissait d'un redéploiement temporaire.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko, cité par l'agence Interfax, a fustigé une mesure "injustifiée, destructrice, augmentant les tensions militaires et réduisant le champ pour les décisions politiques".
- "Solidarité" -
Le président roumain Klaus Iohannis s'est félicité de l'arrivée dans les prochains jours dans son pays d'un bataillon américain de 1.000 hommes avec leurs blindés Stryker, "preuve solide de la solidarité et de l'engagement des Etats-Unis".
Ce bataillon s'ajoutera aux 900 militaires américains déjà positionnés en Roumanie, et aux forces que la France a décidé d'y envoyer.
En Pologne, 1.700 soldats de la 82e division aéroportée, la principale force de réaction rapide de l'armée américaine, rejoindront les 4.000 militaires américains déjà présents.
Le président polonais Andrzej Duda a fait part de sa "satisfaction", a indiqué un de ses conseillers chargés des questions de sécurité à des journalistes.
Le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, s'est lui aussi félicité de ces annonces, soulignant que l'Alliance atlantique envisageait également de déployer "des forces tactiques" sur son flanc sud-est.
"Nos déploiements sont défensifs et proportionnés, et ils envoient le message clair que l'Otan fera tout ce qui sera nécessaire pour protéger et défendre tous les alliés", a-t-il ajouté.
- Conflit "pas inévitable" -
"Nous ne pensons pas que le conflit soit inévitable", a insisté le porte-parole du Pentagone, réaffirmant que la diplomatie américaine avait "offert à la Russie une voie vers la désescalade".
Les Occidentaux accusent Moscou depuis fin 2021 d'avoir massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières de l'Ukraine en vue d'une potentielle invasion.
Pour "dissuader" le président russe Vladimir Poutine de passer à l'offensive, Américains et Européens multiplient les menaces de plus en plus détaillées de sanctions économiques "sans précédent" et de soutien militaire à Kiev.
La Russie dément toute volonté d'invasion, affirmant vouloir seulement garantir sa sécurité. Mais elle estime qu'une désescalade n'est possible qu'en garantissant la fin de la politique d'élargissement de l'Otan, notamment à l'Ukraine, et un retrait d'Europe de l'Est de ses capacités militaires.
- Poutine espère -
Vladimir Poutine a accusé mardi les Américains d'ignorer les préoccupations sécuritaires de Moscou, tout en disant espérer "une solution".
Il s'est entretenu mercredi au téléphone avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, et les deux hommes se sont accordés sur la nécessité de trouver une "résolution pacifique", selon Londres.
M. Poutine a fait savoir dans un communiqué qu'il avait évoqué "le manque de volonté de l'Otan de répondre de manière adéquate aux préoccupations légitimes de la Russie" concernant sa sécurité.
De son côté, le président français Emmanuel Macron a annoncé qu'il allait s'entretenir de la crise en Ukraine avec M. Biden "dans les prochaines heures". Il a précisé qu'un éventuel déplacement à Moscou, et peut-être à Kiev, dépendrait "de l'avancée de (ses) discussions dans les prochaines heures".
Le quotidien espagnol El Pais a publié le détail des réponses américaines aux exigences russes, une fuite dont le contenu n'a pas été démenti.
Washington y propose que les rivaux s'engagent à ne pas déployer de moyens militaires offensifs en Ukraine, que Moscou inspecte certaines infrastructures militaires qui l'inquiètent en Europe, et que les deux pays s'accordent sur des mesures de contrôle des armements.
Les Etats-Unis se disent également prêts à discuter de l'"indivisibilité de la sécurité". Le Kremlin se fonde sur ce concept pour réclamer un recul de l'Otan de son voisinage, arguant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d'autres, en dépit du droit de chaque Etat, et donc de l'Ukraine, à choisir ses alliances.
Moscou prépare actuellement sa réponse formelle.
En Ukraine, les dirigeants européens continuaient, eux, de défiler pour soutenir leur allié, à l'instar du Premier ministre néerlandais Mark Rutte qui a été reçu par Volodymyr Zelensky, au lendemain des visites des chefs des gouvernements britannique et polonais.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un fournisseur de drones de combat à l'Ukraine, est attendu jeudi à Kiev.