L'ancien diplomate américain Herman Cohen dénonce l'arrestation d'un prédicateur accusé de viol et demande au président Felix Tshisekedi d'intervenir dans l'affaire.
Pascal Mukuna, évêque dans une église charismatique de Kinshasa et leader du mouvement Éveil patriotique qui s'attaque à l’ancien président Joseph Kabila, a été écroué mercredi soir pour viol présumé.
Son arrestation fait suite à une plainte déposée par une femme qui l'accuse devant la cour d’appel de Kinshasa/Gombe de l'avoir violée.
Environ deux semaines auparavant, un homme à l'apparence similaire à celle du prédicateur apparaissait en pleins ébats sexuels dans une vidéo qui a ébranlé la toile.
Dans sa plainte qui date de plusieurs jours, la victime présumée demande des poursuites judiciaires contre M. Mukuna "pour viol, rétention illicite de documents, et menaces de mort", selon des documents dont des copies non authentifiées ont été distribuées sur le réseau social Twitter.
Selon la victime présumée, qui s'exprimait devant les médias à travers son avocat, l'évêque charismatique l’aurait contrainte à se déshabiller en la menaçant avec une arme.
La dame, qui dit être une veuve récente, ajoute qu'elle était venue rencontrer le prélat pour réclamer un document que son défunt mari avait remis à l'évêque.
M. Mukuna nie les faits et insiste que la vidéo qui circule est un deep fake, un montage fabriqué de toutes pièces pour le discréditer. Il accuse notamment le camp politique de l’ancien président Joseph Kabila d'être à l'origine de ce montage, vu qu'il s'attaque depuis quelque temps à l'ancien chef de l'État qui occupe désormais les fonctions de sénateur à vie conformément à la constitution congolaise.
Une affaire dans une affaire
Fait intriguant, mercredi des individus se réclamant "de la grande famille de Mzee Laurent Désiré Kabila" - en référence à l'ancien chef de l'État qui avait délogé Mobutu Sese Seko - ont déposé une plainte contre M. Mukuna.
Ils exigent de l'évêque qu'il dévoile l'identité de la personne qui avait tué le père de Joseph Kabila car, selon un des membres de ladite famille, "le pasteur Mukuna dit connaître cette personne".
Seulement voilà: en 2001 la justice congolaise avait condamné le colonel Eddy Kapend et d'autres personnes pour le meurtre du tombeur de Mobutu Sese Seko. Une condamnation qui était loin de satisfaire les organisations de la société civile. Selon Radio Okapi, l’Association africaine des droits de l’homme (ASADHO) a récemment demandé au président Félix Tshisekedi de libérer le colonel Kapend et ses co-accusés car leur procès présentait de nombreuses irrégularités.
Églises et scandale, rien de nouveau
Le cas de M. Mukuna vient s'ajouter à une liste grandissante de scandales, sextapes et plaintes impliquant les hommes des églises dites de réveil au Congo.
En janvier dernier, Moise Mbiye, pasteur congolais de renom et célèbre musicien de gospel, a été traîné devant un tribunal pour des allégations de viol impliquant une mineure. L'affaire, qui avait secoué l’univers des églises dites de réveil, a pris une tournure surprenante lorsque les avocats de la plaignante ont affirmé qu'ils avaient essuyé des tirs de balle par des assaillants non identifiés.
Autour de la même époque, un autre chanteur de gospel célèbre congolais avait brusquement mis fin à sa carrière après que des photos de sa nudité aient fait surface sur les réseaux sociaux.
Ce qui distingue la saga de Pascal Mukuna, c’est le fait que ses tentacules semblent atteindre les méandres de la politique congolaise.
Herman Cohen, qui ne parle plus au nom du gouvernement américain, a écrit sur son compte Twitter: "...l'incarcération de l'évêque Mukuna par un magistrat agissant pour Kabila est une parodie de justice. Président Tshisekedi, il faut agir pour rectifier cela."